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Quand l’instinct maternel devient mortel

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Les liens du sang, tome 1, Shuzo Oshimi (scénario et dessin). Editions Ki-oon, 216 pages, 7,90 euros. 

Collégien sans problème, Seiichi coule des jours paisibles dans le sud de la préfecture de Gunma où il vit avec un père salarié et une mère au foyer. L’adolescent connaît ses premiers émois amoureux avec Yuiko la plus jolie fille de la classe qui ne semble pas non plus insensible. Tout est normal… ou presque. Sa mère Seiko, à l’allure très juvénile, le traite effectivement toujours comme un bébé. Véritable maman-poule, elle passe le plus clair de son temps à le dorloter, à lui préparer des repas, et même à la suivre par moments. Rien de bien méchant sauf que cette proximité devient de plus en plus intrusive… Seiichi ne s’en rend pas vraiment compte, jusqu’à l’arrivée de son cousin Shige qui lui ouvre les yeux. L’adolescent ne décèle pas encore la folie qui se cache derrière cet amour maternel. Jusqu’à cette sortie familiale en randonnée où la mort frappe…

Après Les Fleurs du mal (seinen également édité chez Ki-oon) où il évoquait le rapport tabou et extrême à la fois, qu’entretient la société japonaise avec la sexualité, le subversif Shuzo Oshimi est de retour avec un nouveau manga particulièrement dérangeant.

Dans Les Liens du sang, le mangaka s’intéresse cette fois à une relation fusionnelle mère-fils. Une relation qui peut paraître normale, ou tout du moins répandue. Mais pas ici. La personnalité de Seiko, jeune mère de famille des plus banales, devient intrigante et inquiète le lecteur au fil des pages.

Est-il possible de trop aimer son enfant, de l’aimer à la folie ? Visiblement oui… L’atmosphère décrit par Shuzo Oshimi se fait vite toxique et étouffante, accentuée par l’approche de la saison estivale.

L’auteur parvient à semer le trouble à travers de simples scènes de la vie quotidienne. Un petit-déjeuner en famille, un regard ou un baiser sur la joue, créent une forme de malaise, voire d’angoisse. C’est là la force de ce manga, capable d’hypnotiser son lecteur, sans forcément lui en mettre plein les yeux, jusqu’au dénouement inattendu.

Côté graphique, le mangaka a opté pour un trait semi-réaliste en mettant en avant les expressions des visages, plus particulièrement les regards qui font passer les émotions. Dans la deuxième partie où tout s’accélère, le dessin se hachure, se délite, en même temps que s’écroule le monde de Seiichi. Un effet saisissant. Pour lire la suite de cette série (qui compte cinq volumes) il faudra attendre jusqu’au 20 juin.

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