Buck, t.1: le chien perdu, Adrien Demont. Editions Soleil / Coll. Métamorphoses,
La clé de cet ouvrage se situe peut être dans le portfolio photos “Dans l’atelier du créateur de Buck”, en fin d’album. A côté d’une vue éclairante d’un gros chien poilu occupant toute une petite niche, l’éditeur a souligné que “le chien est le seul animal qui loge dans son anagramme“. De fait, le chien et sa niche sont indissociablement liés dans ce conte sans paroles empli de poésie où Buck, chiot abandonné puis chien perdu, se fait emporter par une tempête (avec sa niche et un pic vert).
C’est le début d’une folle sarabande où le pauvre animal croisera toute une faune bizarre mais plutôt solidaires, des feux follets, des nuages lui rappelant son troupeau de moutons, avant de trouver un nouveau lieu de repos… avant de s’envoler de nouveau.
Voilà quatre ans, Adrien Demont avait déjà conté les aventures d’un chien tombé, sa niche sur le dos, en Norvège et devant survivre à une forêt pleine de trolls. Après cet hommage au peinte scandinave Theodor Kittelsen, il reprend ici son personnage à la bonne bouille, dans une veine plus personnelle, encore plus onirique et rocambolesque. Et moins lugubre (même si quelques cases sont encore assez cauchemardesques).
Sans textes (un genre de plus en plus développé ces dernières années), le récit n’en reste pas moins immédiatement compréhensible. Certaines cases (comme l’arbre reprenant son feuillage accroché par la niche) sont franchement drôles, d’autres plus mélancoliques, d’autres encore plus inquiétantes mais l’ensemble trouve toute sa cohérence dans son rythme frénétique. Son format à l’italienne et son organisation en quatre cases par planches, ponctuées parfois par un grand dessin pleine page donne même comme une impression de film d’animation en devenir.
Très fin, le dessin d’Adrien Demont offre en plus de jolis petits tableaux dans chacune de ses vignettes aux contours arrondis et flous, incitant à arrêter l’oeil avant de repartir de plus belle à la suite de Buck. Le ton sépia de l’ensemble accentu de ce joli petit songe stimulant bien l’imaginaire. S’il était perdu, Buck s’est bien trouvé ici.
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