
J’écoutais ce matin, en me rasant, France Inter, la cantatrice Natalie Dessay, retraitée (dans le sens elle s’est mise en retrait) de la scène lyrique depuis 2013, et Maxime Le Forestier, invité de l’excellent et pertinent Christophe Bourseiller dans son émission Estivalitude. Il y a peu, au cours de cette même émission, et toujours en me rasant, j’étais tombé sur Franz-Olivier Giesbert (qui me passionne comme romancier et comme analyste politique) et Marie-France Bokassa, fille de Jean-Bedel Bokassa, empereur de Centrafrique (un homme, même suspecté d’anthropophagie, qui avait 17 femmes et 36 enfants reconnus à charge, ancien sergent des Forces françaises libres – FFI – et admirateur de Napoléon peut-il être réellement mauvais?); c’était un régal, un très bon moment de radiophonie. Revenons à Natalie et à Maxime. Le ton est calme, feutré. Christophe les interviewe avec bienveillance. Au risque de me trancher la couenne, je m’endormirais bien devant la glace. Soudain, il les sonde sur leurs inclinations politiques. Ils sont de gauche, bien sûr. Un petit plus pour Natalie (sans h: allez savoir pourquoi?) qui serait plutôt de gaHuche (avec un h, là, justement! Prononcez ga Huche, comme bûche). Et là, blam! Il fallait s’y attendre. Bourseiller les titille par rapport à Macron et le danger représenté par le Front national. Ça y est: en plein dans le mille. Tous deux laissent entendre qu’ils voteront Macron pour échapper au diable! «Encore deux qui sont tombés dans le piège!» me dis-je en grognant. La sociale démocratie molle (Hollande et son Valls), cette fausse gauche adorée par le Medef, et l’ultralibéralisme sournois enkysté d’intérêts capitalistiques (Macron) nous font le coup à chaque fois. Moi, ils ne m’auront pas. Ça suffit! Car, ce n’est pas seulement du FN (cette horreur, on est d’accord, que je continuerai à combattre avec d’autres armes que le doux papier des bulletins de vote) qu’ils ont peur, mais du peuple. Du peuple en révolte; du peuple dans la rue.

Celui des Gilets jaunes que cette gauche tiède de l’entre-soi a eu tôt fait de qualifier de facho sphère. Les Gilets jaunes sont populistes. Oui, est alors? Ils sont populistes car ils sont le peuple. Ce peuple que j’aime car j’en viens. Ce peuple que la bourgeoisie intello et les bien-pensants sont bien contents de trouver quand il s’agit de résister au nazisme ou de détrôner l’aristocratie. (Par ailleurs bien plus respectable que la bourgeoisie affairiste.)

Danièle Sallenave, de l’Académie française, prend la défense des Gilets jaunes dans son superbe Jojo, le Gilet jaune (Gallimard; coll. Tracts; numéro 5; 3,90€). Elle a raison; elle aussi vient de ce petit peuple français. Et elle s’en souvient. Voilà qui est dit. Ensuite, Maxime a parlé de sa belle chanson «San Francisco» où il est question de la maison bleue accrochée à la colline, puis d’un corbillard qu’il aurait racheté à un copain, et de deux juments qui le tirèrent – le corbillard, pas le copain – (dont l’une, non débourrée, le fut par ses soins. «A la fin, elle était capable de faire des créneaux avec le corbillard!». J’adore quand le poète Le Forestier revient au galop!) dans les ruelles du village d’Anne Sylvestre.


Avant de conclure, je voudrais dire un mot sur les fabuleux The Swinging Dice que j’ai vus au festival Rétro C Trop. Ce groupe de blues, de rhytm’n’blues teinté de boogie furieux et de rockabilly pulpeux, est une bombe. Carrément génial. Bourré d’énergie et de talent. Pas eu la place de le dire dans la dernière chronique. C’est fait.
Dimanche 14 juillet 2019.
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