#Nouveau contact, Bruno Duhamel. Editions Grand Angle, 72 pages, 15,90 euros.
Après Le Retour et Jamais, Bruno Duhamel continue, en solo, de se faire le moraliste de notre temps. Et plus particulièrement avec ce nouvel album.
La couverture et un rapide coup d’oeil sur le titre pourraient laisser croire à une variation de plus sur le monstre du Loch Ness. Et, de fait, c’est dans les Highlands, au bord du lac de Castle Loch, que l’action va avoir lieu. Photographe devenu has been, vivant sous anxiolytiques dans sa maison isolée, Douglas Mc Murdock voit soudain un soir surgir devant lui un monstre marin. L’ayant shooté par réflexe, il décide alors par bravade de retourner sur le réseau Twister, où il ne lui reste plus que 3 fans “qui ont oublié de se désabonner” et de “partager” sa découverte.
Le lendemain matin, 348 069 personnes ont partagé son contenu. C’est le début d’un processus infernal qui le dépasse vite. Les médias s’emparent du sujet, des journalistes le harcèlent, des écolos sont persuadés que ce monstre est le résultat d’expériences hasardeuses d’une usine du coin, les chasseurs débarquent de tout le pays pour tuer la bête, la polémique devient nationale et le Loch Ness attaque Castle Loch pour contrefaçon !
Une relecture plus attentive du titre – avec son hashtag – “l’avertissement” préalable aux lecteurs et les deux pages finales de pastiche confirment vite que derrière l’aventure burlesque de Douglas et de sa créature translucide, la cible de Bruno Duhamel est ailleurs. Ou plutôt partout, puisqu’il s’agit de pointer les dérives des réseaux sociaux par trop omniprésents et parfois dévastateur (et l’on notera l’ironique et très réussi nom de Twister – tornade en anglais – choisi pour pasticher Twitter, et plus encore Facebook). La morale, dans la dernière case, est conforme à l’ensemble de l’histoire: drôle et un rien misanthropique. Avec ironie, ce #Nouveau contact alerte, à sa façon, sur les risques de cyberdépendance.
Côté dessin, le trait semi-réaliste de Bruno Duhamel est toujours aussi efficace, ses personnages très expressifs et son monstre, mélange incongru de dragon et de méduse, a quand même, une bonne bouille.
On ne sait si cette histoire fera le “buzz” sur les réseaux, mais on peut conseiller de la partager.
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