Ethel & Ernest, Raymond Briggs. Editions Grasset Jeunesse. 104 pages, 19,20 euros.
Vingt ans après. Les éditions Grasset rééditent ce joli témoignage personnel et familial de Raymond Briggs, illustre illustrateur britannique, connu notamment pour Sacré Père Noël ou Le Bonhomme de neige. Et l’émotion demeure entière. Elle saisira sans doute toujours autant les nouveaux lecteurs et lectrices que ceux et celles de 1998.
Dans ce récit intimiste – mais pas seulement – Briggs conte donc la vie d’Ethel et d’Ernest, ses parents, de 1930 à 1970. Le récit s’ouvre lorsque le couple, tout récemment marié, acquiert une coquette maison (à l’anglaise, en briques rouges, petit jardinet et bow windows), il se clot après le décès d’Ernest, qui a suivi de peu dans la tombe Ethel, et la vente de cette même maison où ils vécurent toute leur existence.
Roman d’une vie, donc, d’un couple modeste. Ernest travaillera trente-sept ans à la Coopérative laitière de l’Arsenal royal ; Ethel sera ouvrière avant de passer employée de bureau. Ils n’auront, tardivement, qu’un fils, Raymond donc, qui se destinera vers des études artistiques, au grand dam de ses parents qui l’auraient plutôt vu aller à Oxford ou Cambridge et “trouver un bon travail dans un bureau“, contremaître ou “peut-être même directeur“.
Et à travers la description de cette vie modeste d’un couple de la classe populaire – lui plutôt travailliste, elle plus conservatrice – c’est aussi toute l’évolution de l’Angleterre qui passe au fil des petites cases, dessinées dans un style mêlant réalisme et style naïf joliment rehaussé au crayon de couleurs dans des pages pleine de douceur.
Décennie par décennie, le couple Briggs va tout d’abord découvrir progressivement le confort moderne – et d’abord une vraie gazinière ou une lessiveuse – va subir le blitz de la Seconde Guerre mondiale, contraignant Raymond à aller vivre chez sa tante à la campagne. Puis, après-guerre, le niveau de vie augmente, jusqu’à pouvoir avoir une télé puis se payer une voiture et suivre l’évolution d’une époque qui, progressivement, leur échappe dans les années 60, en même temps que Raymond s’émancipe.
Et à travers des petits faits, des remarques du quotidien, c’est aussi un bonheur modeste et un amour simple fort qui s’affirment, par delà tous les aléas de la vie. Une vision toute simple et très touchante.
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