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La vie de château des animaux

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 Le Château des animaux, tome 1: Miss Bengalore, Xavier Dorison (scénario), Félix Delep (dessin et couleur), Jessica Bodard (couleur). Editions Casterman, 72 pages, 15,95 euros ; Edition luxe, grand format (28 x 37 cm), cahier graphique, ex-libris numéroté, 80 pages, 39 euros.

Dans La Ferme des Animaux, George Orwell imaginait une révolte animalière dans une ferme, chassant les exploitants humains pour mettre en place une nouvelle société où bien vite, certains – les cochons – allaient prendre l’ascendance et mettre en place un nouveau système dictatorial – allusion limpide au dévoiement de la Révolution russe et à la mise en place du régime stalinien.

Ici, les humains ont quitté d’eux mêmes ce château transformé en ferme. Laissés à eux-mêmes, les animaux ont formé aussi une république, mais cette fois aussi, “certains sont plus égaux que d’autres“. Silvio, le taureau fait ainsi régner la terreur, aidé par sa milice de chiens cruels, exploitant les plus faibles – chèvres, poules, lapins ou chats – pour leur faire rebâtir les ruines du château ou produire les denrées dont lui et sa clique bénéficieront. Les tentatives de révolte sont vite annihilés, par la crainte fantasmés des prédateurs sauvages qui pourraient détruire la communauté ou, plus frontalement, par la répression et les crocs des molosses. Mais le passage d’un vieux rat et de son petit théâtre aux histoires subversives pourraient refaire naître l’espoir. Notamment chez Miss Bengalore, une chatte très attachée à ses petits et aidée par un lapin gigolo…

Xavier Dorison (Le Troisième Testament, Undertaker, Le chant du Cygne, Sanctuaire, etc.) ne cache pas son ambition directement politique avec cette nouvelle série. Dans un “préambule” embrassant un peu trop large, il explique ainsi vouloir illustrer le bien fondé de la non-violence face aux dictatures, dans le sillage de Gandhi ou de Martin Luther King. Et ce n’est donc nullement par hasard sur si Azélard-vieux-gris, le rat saltimbanque ressemble fortement au leader indien. Tout comme on se doute qu’au final, à l’issue des quatre épisodes annoncés, la force brutale du taureau sera vaincue par l’astuce et la finesse de la jolie petite chatte blanche et du petit rat malicieux.
Néanmoins, ce premier volume impressionne en plongeant directement dans une violence et oppression très pesantes. Et la mise en places des personnages se double déjà d’un certain nombre de rebondissements et de séquences saisissantes, rendue possibles par une pagination conséquente.

L’autre aspect impressionnant est la mise en images réalisée par Félix Delep. Influencé manifestement par le style Disney, le jeune diplômé de l’école Emile Cohl livre pour son premier album un travail magistral et bluffant de “réalisme animalier”. Son trait fin et précis, le découpage très cinématographique des planches et l’expressivité donnée à ces personnages “à deux ou quatre pattes” est assez virtuose. De quoi transfigurer ce conte moral en une vraie oeuvre visuellement marquante, à l’image du dessin de couverture (plus réussi encore dans la version “classique” que luxe, d’ailleurs).

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