L’Incroyable histoire du Canard enchaîné – édition 2019 augmentée, Didier Convard (scénario), Pascal Magnat (dessin). Editions des Arènes, 240 pages, 22,90 euros.
Après le succès de la première édition, vendue à plus de 50 000 exemplaires selon son éditeur, la précédente édition augmentée de cette Incroyable histoire du Canard enchaîné, sortie en fin d’année passée, ajoutait déjà 32 pages supplémentaires, revenant notamment sur les péripéties de la Présidentielle 2017 et les déboires de François Fillon – auxquels le palmipède avaient largement contribué – et s’achevait sur la victoire présidentielle d’Emmanuel Macron, en mai 2017.
Un an plus tard, 32 nouvelles pages de plus qui viennent enrichir encore la saga du palmipède déchaîné, toujours contée par Didier Convard et dessinée par Pascal Magnat. Cette fois, il s’agit de revenir sur les deux premières années, mouvementées, de la Macronie.
Sur scène, suivant la fin du “stand-up” qui clôturait l’album précédent, le Canard joue donc les prolongations et fait dans le canardage de cette première partie de quinquennat cahin-caha, après le succès des législatives qui pulvérisent définitivement les partis traditionnels. Et l’hebdo, comme le rappellent les auteurs a une petite tendance première à saluer l’artiste qui fait son entrée à Matignon. Mais le nuages noirs arrivent vite, comme l’affaire (et les mauvaises affaires) de Richard Ferrand avec les Mutuelles de Bretagne, la sortie des ministres Modem du gouvernement, empêtrés par leur affaire d’assistants parlementaires, en attendant bien sûr l’inénarrable Benalla, dépeint ici en “super-Benalla, l’homme du Président”. On a droit aussi aux épisodes de la lutte, vaine, contre la Loi Travail, à la démission radiophoniquede Nicolas Hulot ou à la perquisition dans les locaux de la France insoumise, traitée sur le mode théâtre de Guignol. Autant d’épisodes avant le grand final, provisoire, en fin d’année 2018: le mouvement des Gilets jaunes. Fin du premier acte de l’ère Macron. Et histoire à suivre, bien sûr.
Revenant sur une période restreinte – deux ans – Didier Convard et Pascal Magnat peuvent ici se permettre de prendre un peu leur temps, et de détailler les épisodes évoqués. Ils reprennent aussi souvent des manchettes, voire des extraits entiers d’article à l’appui de leur évocation. On pourra certes reprocher quelques omissions, concernant par exemple les affaires Benalla ou Ferrand qui n’ont pas été “sorties” par le Canard, ce dont il n’est pas fait mention. Et, pour ce qui est du “traitement” financier des Gilets jaunes, le 10 décembre 2018, il est également regrettable que le livre relaie la fausse information d’une “hausse du SMIC” de 100 euros – ce que toute la France avait cru comprendre, il est vrai, du message télévisé du Président – alors qu’il ne s’agissait que d’une augmentation de la prime d’activité pour les salariés touchant l’équivalent d’un SMIC.
De même, si la fantaisie s’invite avec un certain bonheur dans l’affaire Benalla traitée sur le mode comics ou sur la séquence Mélenchon – méchamment réduit à une guignolade – le dessin est souvent réduit à une simple illustration littérale du propos. Un manque d’envergure accentué par des planches multipliant les petites cases.
Mais ce supplément reste un bon résumé des dernières péripéties françaises en date et en faite une intéressante rétrospective du début du quinquennat Macron. Et il permettra, aux vrais fans, d’avoir une troisième couverture inédite. Quant à ceux qui n’auraient pas encore fait l’acquisition des éditions précédentes, cette troisième édition apporte un enrichissement incontestable. Et, c’est à signaler, pour le même prix que l’édition précédente !
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