
A peine 30 ans, et déjà cinq albums réalisés, la plupart du temps en auteur complet. C’est peut être le fait d’être né à Bayeux, où est exposé la fameuse tapisserie du même nom que l’on présente parfois comme un des ancêtres de la bande dessinée, qui est à l’origine de cette prédestination. En tout ças, Xavier Coste s’affirme comme un auteur intéressant à suivre, aux thématiques variées et au dessin remarquable.
Des qualités, entre autre, qui lui ont valu, fin novembre dernier, de se voir nommé « auteur BD de l’année » au festival de La ville aux livres de Creil. Double occasion pour une petite rencontre avec l’auteur, entre autre, de biographie de Schiele et Rimbaud, du superbe récit de science-fiction Le lendemain du monde ou du récent A comme Eiffel (cette fois réalisé avec Martin Trystram, auteur de son côté du jubilatoire Pacifique), une biographie étoffée et contrastée de Gustave Eiffel qui lui a valu d’être primé dans l’Oise.
Xavier Coste, comment en êtes vous venu à la bande dessinée ?
Je crois que j’ai toujours lu de la bande dessiné et toujours dessiné. Je ne me suis jamais posé la question de faire autre chose. La vraie interrogation, pour moi, était plutôt de savoir quand j’en ferai ! Et j’ai eu la chance de rencontrer des éditeurs assez tôt. Quand j’étais au lycée, en fait, un éditeur était déjà prêt à me publier. La question qui s’est alors posée était de savoir si je me mettais tout de suite à la bande dessinée ou si je continuais les études. J’ai rongé mon frein jusqu’à l’âge de 23 ans. J’avais une sorte de boulimie créatrice…
Une boulimie créatrice, mais aussi une efficacité réelle, puisque cela fait presque album par an.
J’essaie en effet d’avoir ce rythme élevé. Là, je viens de terminer ce qui sera mon plus gros projet. Il sortira dans un an. Il s’agit de l’adaptation d’un roman assez connu… mais mon éditeur me tuerait si j’en disais plus pour l’instant. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il sera publié chez aux éditions Sarbacane.
Votre premier album, Egon scheide, était une biographie romancée. Votre dernier album, sur Eiffel, aussi. C’est un genre que vous affectionnez particulièrement ?
Je lis énormément de romans biographiques, c’est vrai. Cela joue forcément sur mon travail. Mais s’agissant d’Eiffel, il y a aussi le fait que j’adore dessiner Paris. J’avais déjà fait A la dérive, qui se passait pendant la grande inondation de 1910. C’est donc assez naturellement que Martin Trystram est venu me proposer ce projet régulièrement depuis sept ans. Sachant qu’il était dessinateur aussi, pour m’inciter, il me montrait des croquis, me disait que l’album pourrait ressembler à ça. Je lui disais qu’il devrait le faire lui-même, mais sa condition était que je le dessine. J’ai fini par céder, car j’avais envie de lire son livre.
C’est une biographie romancée assez fouillée
En ce qui concerne les grands chantiers de Gustave Eiffel, oui, cela a été très documenté. Mais ce qui m’a intéressé aussi, c’était de changer un peu d’approche. Lorsque je m’attaque à une biographie, en solo, je me plonge dans tous les documents disponibles, je lis beaucoup. Là, en n’étant que dessinateur, je n’ai lu finalement qu’assez peu de chose et je n’ai recherché qu’une documentation iconographique. Ce qui fait que ce n’est vraiment qu’en arrivant à la fin de l’album que je me suis plongé dans une biographie d’Eiffel. C’était intéressant de ne pas savoir exactement ce qui relevait de la fiction et ce qui relevait de la réalité, afin de tout traiter de la même manière.
Justement, s’agissant du dessin, comment travaillez-vous ?
J’utilise une technique mixte, j’utilise beaucoup l’acrylique et le pastel ainsi que le numérique. J’ai des pages complètement montées à l’ordinateur, d’autres faites entièrement à la main. L’objectif est que cela ne se voit pas ! L’intérêt pour moi est de m’amuser au quotidien, car réaliser un album de bande dessinée, c’est assez long. C’est quelque chose que je n’avais pas en tête au départ lorsque j’ai commencé la bande dessinée. L’enjeu est de garder la même énergie tous les jours sur un an, donc pour cela, il faut que cela reste un amusement
Dès votre premier album, votre dessin était très affirmé et élégant. Et on le retrouve ensuite dans vos albums suivants…
En effet, j’ai toujours eu en quelque sorte le même style. Ce n’est pas forcément une bonne chose d’ailleurs. Car, par exemple, durant mes études d’art, j’avais un peu tendance à me reposer sur mes acquis. Mais c’est un dessin qui me vient naturellement. Ensuite, au fil des albums, j’ai de plus en plus tendance à me lâcher – en terme de format ou de dessin – d’aller vers quelque chose de plus affirmé.
Ce qui reste délicat, c’est de savoir jusqu’à quel point je peux tirer le dessin. Il faut toujours garder en tête que cela reste une BD, que cela doit toujours être lisible. Cela m’arrive d’avoir des cases qui me plaisent beaucoup, mais que j’ai tendance à casser afin que le lecteur ne soit jamais perdu. Pour moi l’essentiel, ce n’est pas d’abord que l’on apprécie mon dessin, il faut que le lecteur lise l’album d’une traite. Ensuite, lors d’une deuxième lecture, il peut s’attarder sur le dessin, je pense que c’est raté si on trouve une page jolie mais qu’on ne comprend pas trop dans quel sens la lire.
Dans A comme Eiffel, on a essayé d’avoir des mises en pages étonnantes. Mais j’espère que l’on n’a pas perdu le lecteur, surtout au début. Tout l’enjeu est d’avoir des choses qui nous plaisent esthétiquement, mais en restant vraiment lisible.
Vous avez été primé, avec cet album, à Creil. En conséquence, vous avez la responsabilité de réaliser l’affiche de la prochaine édition, en 2020. Votre réaction ?
Je suis vraiment très heureux. C’est toujours un plaisir de faire l’affiche d’un festival. J’espère être digne de la mission qui m’a été confiée. Le thème de la prochaine édition, c’est l’art, donc ça me parle.
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