Léopoldville 60, Patrick Weber (scénario), Baudoin Deville (dessin), Bérengère Marquebreucq (mise en lumière). Editions Anspach, 64 pages, 14,50 euros.
Kathleen Overstraeten, découverte dans Sourire 58, marche désormais dans les pas de Natacha, l’hôtesse de l’air de Walthéry. Elle continue surtout à se confronter aux grands moments de l’histoire belge du XXe siècle. Direction cette fois Léopoldville, en 1960, à la veille de l’indépendance de l’ex-Congo belge.
Devenue hôtesse de l’air de la Sabena, la compagnie aérienne belge, la jeune femme va retrouver à Léopoldville son amie Monique, revenue vivre avec ses parents colons. Elle va surtout découvrir une société sous tension, entre les aspirations à l’indépendance des Congolais, l’attitude méprisante de certains colons et une vague de sabotages et de destruction. Des violences qui pourraient aussi être une manière pour des puissances internationales de déstabiliser un peu plus encore la puissance coloniale belge pour mieux y placer leurs intérêts et prendre la mainmise sur les richesses locales, notamment l’uranium du Katanga.
Au milieu de ce chaos annoncé, Kathleen va aussi retrouver son ex-compagnon, l’inspecteur de police Stout rencontré lors de l’expo universelle de 1958 et se trouver au coeur de la grande opération de pont aérien d’évacuation des expatriés belges qui va suivre l’indépendance du pays.
Patrick Weber et Baudoin Deville suivent le cap fixé dans leur précédent album, plaçant leur héroïne – femme moderne et indépendante sans être une super-héroïne – dans un contexte historique fort et très bien rendu, restitué avec un dessin ligne claire très classique mais attentif aux moindres détails et qui replonge parfaitement dans l’ambiance surannée de ce début des années 60.
Même réussite également concernant l’intrigue, riche, aux ramifications plurielles mais bien maîtrisée et toujours d’une grande lisibilité.
L’histoire parlera forcément plus aux Belges, pour qui l’indépendance du Congo et l’exode qui suivra représentent, toute proportion gardée, un traumatisme égal à la Guerre d’Algérie pour la France. Mais cette page d’histoire est rappelée de façon compréhensible par tous et rendue intéressante par les différents aspects évoqués (et par un petit dossier historique en fin d’album, multipliant aussi les points de vue)
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