Le syndrome de Stendhal, Aurélie Herrou (scénario), Sagar (dessin). Editions Glénat, 128 pages, 22 euros.
Le syndrome de Stendhal est cet effet de sidération et de vertige ressenti devant une oeuvre d’art. A priori, Frédéric Delachaise n’est pas prédeterminé pour y succomber. Aristrocrate désargenté, tentant désespérément de tenir le change devant ses futurs beaux-parents – tandis qu’un mariage aussi ruineux qu’impossible s’annonce – il se voit contraint par Pôle Emploi de prendre un emploi de gardien de musée… au Centre Pompidou.
Plutôt vieille France et totalement néophyte à l’art contemporain, lui qui ne se révèle qu’en faisant des claquettes comme Fred Astaire, il n’accepte que contraint et forcé et se soumet aux rites du lieu, sous la surveillance d’un petit chef tyrannique, ancien légionnaire. Mais bientôt, une étrange magie va opérer sur lui. Il arrive bientôt à se projeter, littéralement, à l’intérieur des oeuvres, même les plus abstraites et en saisir les origines de leur création. Il en vient à dialoguer avec l’autoportrait de Lucian Freud, saisit le secret d’Yves Klein, se retrouve atteint d’une synesthésie inverse à celle de David Hockney – il entend la musique déclenchée par les peintures… Une ouverture à un monde nouveau qui agira aussi sur sa propre existence.
Déclinant un principe initié – avec succès – par Futuropolis avec le Musée du Louvre puis celui d’Orsay, ce livre est donc réalisé en partenariat avec le Centre Georges-Pompidou. Mais sans être ou apparaître pour autant comme une oeuvre de commande. Le récit d’Aurélie Herrou est personnel et tendre, le dessin semi-réaliste et singulier du Barcelonais Sagar, qui fait penser parfois à Miguelanxo Prado dans la caricature de certains personnages, apporte au récit une touche d’étrangeté, de folie et de légèreté à la Jacques Tati.
Entre comique burlesque et réflexions pédagogiques, ce Syndrome de Stendhal propose une plongée à la fois burlesque, légère et très évocatrice dans le centre Beaubourg. Et une approche singulière et réussie de faire ressentir l’art moderne et contemporain.
Et saluons aussi la composition magnifique réalisée pour le dessin de couverture. Belle illustration et manifeste de cette imbrication de l’art et des auteurs.
L’article Le pouvoir de voir l’art est apparu en premier sur Courrier plus.