Une nuit à Rome, cycle 2 – tome 4, Jim, Delphine et Jim (couleurs). Editions Grand Angle, 120 pages, 18,90 euros.
Une décennie s’est écoulée depuis cette première “nuit à Rome” de Raphaël et Marie, qui a bouleversé en partie la vie des deux quadragénaires. Dix ans plus tard, Raphaël est papa célibataire (séparé de la femme avec qui il avait réussi à se remettre en couple après son échappée romaine) et s’est engagé à fond dans son nouveau job. Marie est toujours aussi fantasque, mais rattrapée par des problèmes de famille lorsqu’elle reçoit une invitation pour aller fêter les 50 ans de son amant à Rome. Entouré de ses amis, collègues de travail et même d’une jeune amante passagère, Raphaël, enivré n’attend pourtant qu’elle.
A la fin du tome précédent, alors qu’ils étaient sur le point de se retrouver, juste séparés par un interphone, Marie s’était enfuie, provoquant la colère de Raphaël. Avant que celui-ci ne comprenne que Marie venait d’apprendre la mort de sa mère. Cherchant à se rattraper, il part à l’aéroport tenter de la convaincre. Mais, alors qu’une grève empêche tous vols, celle-ci a fait appel à un vieil ami romain. Raphaël va alors s’accrocher pour tenter de retrouver la complicité disparue. Et, le temps d’une autre instant magique, à la basilique Saint-Pierre de Rome – magnifié aussi par les couleurs rayonnantes, qui l’accompagne), la relation unique qui lie le couple va s’installer à nouveau.
Une nuit à Rome fait partie des séries, rares, où le charme agit dès qu’on s’y replonge. A l’image de ses deux protagonistes, dont les sentiments demeurent intacts malgré l’éloignement et le temps qui passe.
Le “premier cycle” était d’un romantisme fou, avec cette promesse de deux jeunes de 20 ans de se retrouver pour une nuit à Rome, le jour de leur 40 ans. Mais l’histoire sentimentale séduisait également, à l’inverse, par le réalisme avec lequel Jim avait bâti ses personnages. Avec un Raphaël pleinement immergé dans son époque et dans les problèmes et les déchirements très contemporains d’un quadra un brin “bobo” très parisien. Plus singulière avec sa beauté sublimée par le trait de Jim, Marie apparaissait un peu comme la quintessence de la femme fatale, à la fois séduisante mais aussi en partie toxique et fragile – reflet assez fidèle du tableau qu’en avait peint Raphaël. Dans ce deuxième cycle, qui s’achève de belle manière, les deux amants se confrontent à d’autres problèmes, dix ans plus tard. Et l’histoire acquiert une densité supplémentaire. Ce quatrième tome se montre ainsi plus nostalgique, tragique et paradoxalement plus apaisé.
Toute la bande de “quinquas” qui entoure Raphaël paraît toujours ne jamais vouloir quitter une certaine insouciance adolescente, faite de fêtes, de picole et de blagues. Mais la légèreté plus ou moins artificielle est lestée du poids de la vie. Celle-ci s’inscrit sur les visages, dans les traits et l’évolution physique des personnages, toujours travaillés à partir de modèles photographiques.
La mort et l’angoisse de la disparition s’insinuent aussi dans l’histoire d’amour. Les angoisses du vieillissement également, mais partagées avec d’autres aspirations à une existence plus sereine (une évolution qui s’inscrit déjà dans la couverture, ou un couple a succédé aux poses de séductrice de Marie des trois précédents épisodes).
Jonglant avec brio entres les diverses trames et les destins de ses personnage, Jim parvient encore à surprendre, en révélant les raisons et le trauma d’enfance expliquant le comportement fuyant de sa belle héroïne. Et surtout, il donne une conclusion à la très concrète, touchante et avec une pointe d’ironie à cette histoire d’amour unique.
On n’oubliera pas Raphaël et Marie. Ni cette belle tranche de vie.
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