Après la mare hydrocarbure Super U, le Marquis est allé pêcher dans celle, bucolique, de Coisy.


La première mare que j’ai présentée, mardi dernier, celle située derrière la station essence de Super U, à Amiens, n’avait rien de bucolique. Cette fois-ci, je suis allé tremper la ligne dans la mare de Coisy, adorable village de 340 habitants, situé entre Amiens et Doullens. C’était le matin; il faisait terriblement beau. Sur place, m’attendaient, mon complice de pérégrinations halieutiques, Raphaël Trombert, chargé de mission biodiversité faune auprès du Centre permanent d’initiative à l’environnement (CPIE), l’ami des grenouilles et de tous les batraciens, Mme Annie Da Costa, première adjointe de la commune, qui avait débauché pour l’occasion Philippe Cavillon, 55 ans, technicien en bureautique, né dans le village.
«Une voiture, trop rapide, loupe son virage et se retrouve dans la flotte.»
Des souvenirs autour de la mare, il en possède, Philippe. «Enfant, l’hiver, j’allais marcher sur la glace, comme tous les jeunes du village. On se faisait gronder… Mon père, 81 ans, à la fois agriculteur et employé d’usine, y faisait boire ses chevaux.» Abreuvoir du temps jadis, aujourd’hui exutoire pour l’eau pluviale, la mare de Coisy affiche une profondeur de 2,50 mètres en son milieu. Il y a quarante ans, elle a été curée à l’aide d’une pelleteuse. «À l’origine, elle était plus grande; elle servait de trop-plein au château d’eau», commente Philippe Cavillon. À l’origine encore, elle ne contenait pas de poissons. C’est un habitant de Coisy qui, il y a plusieurs dizaines d’année, a vidé ceux de son bassin extérieur dans la jolie mare. Depuis, carpes, poissons rouges et autres blancs y coulent (façon de parler!) des jours heureux. Sauf quand une voiture, trop rapide, loupe son virage et se retrouve dans la flotte, comme ce fut le cas il y a quelques mois. Mais, il n’y a pas que des poissons. Pour Raphaël aussi, journée a été bonne. Il a repéré des Notonectes (punaises aquatiques), des Gallinules (poules d’eau), une grenouille verte, une Piéride du chou (papillon), un canard colvert, une Calopteryx vierge (libellule), un Vulcain (papillon). Et en matière de flore, il égrène, dans le désordre les noms d’Iris pseudacorus, Acer pseudoplatanoides, Epilobium hirsutum, Ranunculus acris, Cirsium arvense, Salix alba, Plantago lanceolata, Urtica dioica, Sambucus nigra, Cornus sanguinea,etc.
Quant à moi, j’ai capturé trois petites carpes aussi rousses qu’Isabelle Huppert. Je me suis empressé de les relâcher dans ma chère mare Super U. Me voici donc empoisonneur municipal; c’est Michel Collet, directeur de la communication à Amiens-Métropole, qui va en faire une tête à son retour de vacances. Dans vingt ans, si un petit pêcheur y attrape une carpe de vingt kilos, il pourra se dire qu’il a capturé l’une des trois carpes du Marquis. Quant à moi, je serai en train de pêcher dans les nuages. Trop drôle! PHILIPPE LACOCHE



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