J’perds pas la boule, Vikash Dhorasoo (scénario), Emilie Gleason (dessin). Editions Revival, 72 pages, 17,50 euros.
Vice-champion du monde de foot avec l’équipe de France en 2006, international ayant joué à Lyon, Paris ou au Milan AC de la grande époque, Vikash Dhorasoo n’a jamais été un joueur comme les autres. Atypique, attachant. Et bien loin, surtout du stéréotype du footballeur pro “bling bling” du foot business contemporain. De quoi irriter entraîneurs et supporters et l’avoir mis sur la touche, réduit à l’image du Substitute un peu j’m’en foutiste (du nom de son film documentaire mélancolique tourné en Super 8 durant la coupe du monde 2006 avec Fred Poulet).
Issu d’une famille d’immigrés indo-mauriciens, ayant grandi dans le quartier populaire de Caucriauville, au Havre, il a souvent manifesté un regard critique sur l’évolution de son sport et plus largement sur la société, de la fondation du mouvement Tatane, “pour un football durable et joyeux“, jusqu’à sa récente candidature à Paris sous les couleurs de la France insoumise.
En toute logique, cette autobiographie dessinée lui ressemble. Insoumise et très joyeuse, elle aussi. Il raconte ainsi ses souvenirs d’ex-footballeur sur un mode ironique et non dénué d’autodérision, en gags d’une ou deux pages. Le trait délié, comme élastique, et déluré tout comme les couleurs acidulées de la jeune Emilie Gleason (prix Révélation au festival d’Angoulême 2019) sont particulièrement adaptés au propos.

Rien d’hagiographique dans cette évocation chronologique de la vie de Dhorasoo de sa prime enfance jusqu’à la Coupe du monde 2006 (où il se voit renvoyé sur le banc des remplaçants à cause d’une bague trop serrée à l’en croire). Au fil des pages, on croise Raymond Domenech, Carlo Ancelotti, Zinedine Zidane, Nicolas Sarkozy (qu’il fait tout pour éviter) ou Silvio Berlusconi, tous joyeusement caricaturés. Mais Dhorasoo traite surtout sur le même plan ses copains du centre de formation du Havre, ses premiers entraîneurs d’équipe de jeunesse, ses émois sentimentaux ou les anecdotes liées à ses origines indiennes.
Souvent burlesque, parfois foutraque ou très surprenant (ainsi de la rencontre avec Yannick Noah, à trois heures du matin dans les rues de Lyon), cet album – première création française des éditions Revival – ressemble donc bien à l’idée qu’on se fait de Dhorasoo. Et confirme qu’il n’a, en effet, ni perdu la boule, ni pris la grosse tête !
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