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Apocalypse now dans l’Atlas

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 Le dernier Atlas, tome 2. Fabien Velhmann, Gwen de Bonneval (scénario), Hervé Tanquerelle (dessin), Fred Blanchard (design). Edition Dupuis, 232 pages, 24, 95 euros.

Parti d’Inde, Ismael Tayeb fait route vers l’Algérie à bord du George Sand, le dernier Atlas – un robot français géant ayant servi à la reconstruction du pays après-guerre. Son objectif: tenter de lutter contre un phénomène étrange et inquiétant. Depuis plusieurs jours, “l’UMO”, une sorte de cyclone surgi inexplicablement en plein désert, où viennent s’échouer des milliers d’oiseaux, provoque une peur planétaire. Mais avant d’arriver à destination, ce petit malfrat, ayant été confronté intimement à cette menace surnaturelle, devra déjouer différents obstacles, comme les pannes de la machine, les problèmes géopolitiques et les criminels à sa poursuite.

Dans cette aventure il est accompagné d’un équipage hétéroclite, composé de vieux pilotes d’Atlas, de scientifiques indiennes et d’un tueur russe, fidèle bras droit de « Dieu le père », un chef de gang particulièrement sadique. Pendant ce temps, Françoise Halfort, journaliste indépendante de 53 ans, ayant mystérieusement accouché d’une fille portant une trace ésotérique sur le front (la même que celle inscrite dans le sable par l’UMO !), doit fuir les autorités voulant mener des expériences sur sa progéniture. Tous sont désormais liés à vie par cette chose qui semble être un grand danger pour l’humanité.

Avec ce deuxième tome, les quatre auteurs Fabien Velhmann et Gwenn de Bonneval, au scénario, Hervé Tanquerelle au dessin et Fred Blanchard, au design, confirment les espoirs suscités par le premier tome, déjà prometteur (il a reçu le prix Goscinny 2020). Dans cette uchronie, où la guerre d’Algérie ne s’est arrêtée qu’en 1976 (et non en 1962) après une catastrophe nucléaire dans la ville de Batna, ce quatuor inédit signe un récit époustouflant mêlant à la fois science-fiction, thriller, aventure et politique, tenant en haleine le lecteur jusqu’à la fin de ce deuxième et avant-dernier tome.

On se retrouve embarqué avec le héros, bandit au grand cœur, fan d’Atlas depuis sa tendre enfance, tentant de diriger ce robot géant et désuet, tout droit sorti de l’imaginaire des auteurs, tous nantais, qui ont probablement puisé leur inspiration dans l’univers fantastique et technologique d’un autre Nantais (et Amiénois) célèbre, Jules Verne. Leur Atlas pourrait d’ailleurs figurer en bonne place dans le parc artistique et technologique des Machines de l’île, bâti sur un ancien site industriel de Nantes.

Les histoires parallèles des autres personnages, tentant de déjouer les différents pièges ou tout simplement sauver leur peau, sont tout aussi passionnantes. Le dessin réaliste de Tanquerelle et le découpage très dynamique (pas plus de 5-6 cases par planche) sur plus de deux cents pages en couleurs, donnent encore plus de force et de fluidité à cette série.

Dans cette ambiance de fin de monde, que n’aurait pas renié le pape de la science fiction H.G Wells, on retrouve aussi les intérêts souvent divergents des Etats face à un ennemi commun et inconnu. Toute ressemblance fortuite avec le monde actuel est bien entendu écartée. Comme dans beaucoup d’histoires de science-fiction, le salut de l’humanité viendra probablement d’obscurs citoyens plutôt que de politiques dépassés par les événements.

C’est ce qui rend la lecture de cet ouvrage passionnant et donne encore plus d’envie de lire le troisième et dernier tome de cette incroyable saga de plus de 600 pages au total.

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