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Cette France qui jamais ne me quitte

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Pierre Herbelet (leur fils) et Emilien, salarié du domaine du champagne Herbelet, à Oger, en pleine action au cours des vendanges. Photo : Philippe Lacoche.

Je n’ai pas attendu les recommandations, conséquences de cet imbécile de Coronarivus, pas plus que celles – pleines de bon sens, c’est vrai – des écologistes. De toute façon, l’avion me gave; on ne voit rien – sauf par extrême beau temps; on est serrés comme des sardines de Bretagne, à l’huile d’olive vierge extra, préparées à l’ancienne, «Saveurs de nos régions», de chez Chancerelle, 3, rue des Conserveries, 29100 Douarnenez, disponibles chez Lidl; elles sont délicieuses. (À quelques mois de la retraite, on peut se permettre de faire de la pub dans une chronique dominicale; on sait qu’on ne se fera pas virer.) Je préfère le train. Ou la voiture. Je suis comme François Mauriac: je suis un journaliste qui n’apprécie que très moyennement les voyages lointains. J’aime mon pays; j’aime la France. C’est mon côté Péguy, Bernanos, Barrès. Je l’aime passionnément. Et dès que je le peux, je file à bord de ma Dacia blanche afin de l’explorer, de la découvrir dans ses moindres recoins comme on découvre le grain velouté de la peau d’une vieille maîtresse. En compagnie de ma petite fiancée, j’ai commencé par rendre une visite à mes amis Claudette et Philippe Gonzalès, à Oger, en Champagne. Oger: la Côte des Blancs. Tout un programme! Nous fûmes accueillis comme des princes, dégustant les meilleurs crus de ce champagne blanc de blanc qui, plus d’une fois, nous tourna la tête, sans pour autant nous la dévisser. C’est là l’un des mystères de ce grand vin pétillant qu’est le champagne. Buvez deux bouteilles d’un bordeaux infesté de pesticides, le lendemain votre tête ressemble à ma bonne ville de Tergnier en 1918, après les délicatesses teutoniques. Avec le champagne, les réveils se révèlent toujours joyeux, pimpants, parfois délicatement érotiques. Je suis presque certain que les maîtresses de Pierre Choderlos de Laclos et du cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis, devaient inviter les deux grands hommes à en consommer plus de raison afin qu’ils les honorassent jusqu’à plus soif. En tout cas, ma petite fiancée, Claudette et mon copain Philippe, nous en abusâmes. Ce dernier nous invita à entreprendre une bucolique balade en péniche sur la Marne; sur celle-ci, j’eus la joie de croiser – le hasard des croisières, fussent-elles brèves et terriblement françaises – Caroline Linant, photographe que j’avais connue au cabaret La Belle époque quand mon ex-pacsée, Lou-Mary, ma grande Didiche, y officiait avec assiduité et talent. Caroline est une charmante grande jeune femme, pleine de tact et de délicatesse. Nous discutâmes des temps anciens en contemplant les martins-pêcheurs qui se distrayaient sur les ondes céladon de la lente Marne. Claudette et Philippe nous invitâmes à les accompagner chez leurs amis vignerons, Valérie et Grégoire Herbelet qui ont repris l’exploitation familiale il y a une douzaine d’années. Ils produisent un champagne à leur nom d’une haute qualité à base d’un cépage exclusivement chardonnay. Provocateur et taquin, je fis le caprice, en pleine terre de blanc de blanc, de déguster un 100% pinot meunier. Mon vœu fut exaucé sous le regard faussement courroucé de Philippe. Et nous passâmes, un bon quart de notre séjour à nous remémorer nos bêtises de potaches du temps où nous étions lycéens à Henri-Martin, à Saint-Quentin. Puis, ma petite fiancée et moi, filâmes vers le lac de Gerardmer, vers les Vosges, si belles, si bleues. Si… françaises.

Dimanche 20 septembre 2020.

Au cours de notre croisière sur le Marne. Photo : Philippe Lacoche.
Claudette et Philippe Gonzalès. Photo : Philippe Lacoche.
Philippe Gonzalès à son bureau. Photo : Philippe Lacoche.

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