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Renée Stone s’égare un peu en mer Rouge

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Une aventure de Renée Stone, tome 2: Le piège de la mer rouge. Julie Birmant (scénario), Clément Oubrerie (dessin). Edition Dargaud, 64 pages, 15 euros.

La romancière britannique Renée Stone, et son ami, l’archéologue John Malowan, se retrouvent perdus au milieu de l’Abyssinie, dans les années 1930. La jeune héroïne et son compagnon d’aventures sont en possession d’une copie d’une tablette assyrienne, retrouvée dans un sanctuaire religieux secret, convoitée par des nombreuses personnes appâtés par le gain. En effet, cette tablette indique l’emplacement du trésor d’Assurbanipal, un roi assyrien, ce qui suscite bien des convoitises. Pour protéger ce document précieux, nos deux aventuriers doivent fuir, et même se méfier de leurs propres amis : le reporter vedette Graham Gray, l’aventurier Henry de Frick et l’explorateur Alfred Theziger, dont les motivations profondes restent obscures. Leur périple va ainsi embrasser la corne de l’Afrique, belle et mystérieuse, de la côte somalienne à la mer rouge, jusqu’à la mer Caspienne en URSS. Les aventures de Miss Stone sont loin d’être terminées.

Avec ce deuxième tome, les auteurs Julie Birmant (Pablo), au scénario, et Clément Oubrerie (Aya de Yopuogon, Voltaire amoureux, Pablo…) au dessin, reprennent exactement là où nous avions laissé Renée Stone et ses amis, dans le tome précédent, Meurtres en Abyssinie.

La couverture, déjà, plonge directement dans l’histoire, avec une héroïne effrayée et acculée dans un mystérieux temple couvert de peintures rupestres religieuses, sous ce titre évocateur : « Le piège de la mer rouge » en grosses lettres rouges. Le style graphique très rétro n’est pas sans évoquer un vieux Tintin ou un Black et Mortimer.

La jeune et jolie Renée Stone, fantasque romancière anglaise, embarquée malgré elle dans une aventure n’en a pas fini d’aller de surprise en surprise. Les personnages secondaires, semblant tout droit sortis d’un roman d’Agatha Christie, sont tout aussi intéressants. A commencer par le journaliste anglais Graham Gray, aux traits de Peter Ustinov, comédien célèbre ayant incarné le détective Hercule Poirot sur le grand écran.

Les auteurs ne se cachent d’ailleurs pas de ces influences en évoquant en fin d’album s’être directement inspirée de la vie mouvementée de la reine du crime, ayant quitté mari et enfant pour aller vivre un temps en Irak, en imaginant le personnage de Renée Stone. Ses compagnons ont aussi des ressemblances non fortuites avec des personnalités célèbres du XXe siècle, comme l’aventurier et écrivain Henry de Monfreid ou encore le collectionneur Calouste Gulbenkian. Tous cachent bien entendu des secrets bien enfouis que l’on découvrira au fur-et-à mesure des pages.

Mais alors pourquoi cette petite pointe de déception à la fin de la lecture, après le prometteur premier album nous ayant enchanté ? Renée Stone qui était le moteur du récit dans le premier tome est presque éclipsée, réduite ici à un rôle secondaire. Dans ce deuxième tome, elle semble être totalement égarée, subissant ses aventures, au lieu de les vivre pleinement. Même ses interactions avec les autres personnages, comme le bel Alfred Theziger, dont elle était secrètement amoureuse, sont beaucoup plus rares. Sa rencontre avec Gisèle, la fille d’un des aventuriers, n’ayant pas froid aux yeux, est le rare moment où notre belle héroïne retrouve un peu de son tempérament fougueux, mêlant à la fois témérité, flegme, humour et sensualité.

Graphiquement, le dessin a aussi évolué entre les deux tomes, passant d’un style ligne claire à un autre plus réaliste, très crayonné, voire trop. Certains personnages sont parfois difficiles à reconnaître ce qui rend la lecture difficile.

Malgré ces réserves, l’histoire rocambolesque à souhait réussit à faire voyager et nous suivons avec curiosité Renée Stone dans ses pérégrinations. D’ailleurs la fin de l’album, voyant l’apparition de nouveaux personnages aussi mystérieux qu’inquiétants, mettant Renée-Agatha Stone dans une situation inconfortable, fait rebondir de manière inattendue l’histoire.

Comme dans un roman d’Agatha Christie, on attend avec impatience la suite pour savoir ce qu’il adviendra de ce personnage égaré dans un monde hostile. La couverture du 3e tome Le trésor d’Assurbanipal, montrant l’héroïne en robe rouge dévalant l’escalier d’un temple (inca ?) nous promet encore de belles aventures.

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