Ces trois-là ont un sacré sens du timing. Mercredi, en pleine présentation devant le conseil des ministres du projet « asile et immigration », une triplette venue de Géorgie comparait pour une série de douze vols (essentiellement de l’alcool et des tablettes informatiques) dans des supermarchés de la région.
David Nozadze, 33 ans, est arrivé à Amiens en 2002. Il explique que sa mère a quitté Tbilissi après que son père a été assassiné. Dès 2003, il inaugure son casier judiciaire, sur fond d’héroïne etd e cocaïne. Quinze ans plus tard, a été condamné une trentaine de fois. Parfois, il y a un creux, comme un trou dans le CV. « Je m’étais calmé », pérore-t-il. « Non, vous étiez en détention », lui objecte le juge. David tourne à l’héroïne et la cocaïne. Il s’est marié et a deux enfants.
Konstantine Peikrichvili, 33 ans aussi, n’a rejoint l’eldorado qu’en 2016 : « L’Allemagne m’a refusé l’asile politique alors je suis venu ici ». Egalement accro aux drogues dures, il bénéficie de soins et d’un logement à titre gracieux. Giorgi Naneishvili, 34 ans, aurait été footballeur professionnel, avant de subir la prison et la torture pour des raisons politiques, ce qui l’aurait laissé paraplégique. Son fauteuil roulant semble le prouver, quand bien même sur la vidéosurveillance d’un magasin cambriolé, on le distingue nettement entrant sans aide à l’avant d’une voiture. Il touche une « allocation temporaire d’attente » d’un peu moins de 400 euros. Chez lui, on a retrouvé le récépissé d’une Chronopost international de 18 kilos. « Des vêtements pour enfants », indique-t-il au juge qui, patelin, se demandait si les tablettes n’avaient pas fini entre Tbilissi et Kutaisi. « Mince, 18 kilos, c’est le plus gros bébé du monde, ironise le procureur. On le croyait chinois, il est georgien ! »
Comment se sont-ils connus ? « A Amiens Nord, indique David. Dès qu’il y a un nouveau, on se rencontre. C’est communautaire, c’est comme pour les renois, les rebeus, les Français. Toutes les races, quoi ! » Pourquoi voler ? « Moi, je n’ai pas reçu un centime depuis cinq mois ! s’emporte Konstantine, coléreux comme un créancier qui réclame son dû. Et puis on ne vous vole pas vous, on vole des magasins. Ils sont assurés ! » Le procureur est « content que nos impôts et nos cotisations d’assurance servent à financer des vols ». Il réclame de la prison pour les trois : seul Giorgi y échappera.
Voilà, c’était mercredi à Amiens. Loin, très loin du conseil des ministres…
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