L’Exilé, Erik Kriek. Editions Anspach, 192 pages, 29 euros.
La vendetta n’est pas uniquement corse. Elle semblait aussi se pratiquer chez les Vikings, en Islande au Xe siècle. Hallstein Thordsson a été exilé pendant sept ans pour avoir tué son meilleur ami Hrafn Ragnarsson. Il n’est pas le bienvenu à son retour dans son île. La famille du mort le poursuit de sa haine… Un désir de vengeance d’autant plus vif que l’élimination du guerrier pourrait aussi permettre à Einar, le frère de Hrafn, de faire main mise sur les terres et les belles forêts de la belle-mère d’Hallstein.
Brut, rugueux, avec une incontestable impression d’authenticité, ce singulier western nordique transporte véritablement dans l’Islande méconnue du Xe siècle. Avec ses décors naturels sauvages, sa société de paysans-guerriers où la rudesse du climat se reflète dans celle des rapports humains. Une ambiance faisant songer à la récente série au long cours Vikings, sans le côté onirique et spectaculaire.
Simple et humain, drame familial tout autant – voire plus – qu’aventure épique, le récit en est encore plus fort, influencé qu’il est par les vieilles rancunes, les amours enfuis et les intérêts bien compris.
Illustrateur et dessinateur néerlandais, Erik Kriek précise bien le côté fictif de son récit. En revanche, il puise dans l’histoire, la littérature et la mythologie islandaise qui le fascine dès son plus jeune âge, comme il s’en explique dans la préface. Cet effet de réel est encore renforcé par le graphisme contrasté, dans l’esprit de celui déjà utilisé pour son précédent album paru en français, Dans les pins, avec ses personnages semi-réalistes très expressifs, ses ombres fortes et sa bichromie bleu glacé – hormis quelques rares cases oniriques et violentes ou le bleu fait place à une bichromie rouge sang.
Enfin, ce qui ne gâche rien, avec son dos toilé et cousu et sa couverture au style rétro, il s’agit là d’un joli “objet-livre” à la facture aussi remarquable que son contenu.
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