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L’ivraie de famille

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Une première carte d’identité, c’est quelque chose. Elle correspond souvent à un voyage scolaire ou aux premières vacances à l’étranger avec les parents. On s’amuse de revoir la photo trois ou quatre ans plus tard tant on change vite à cet âge-là. C’est plutôt souriant, une première carte d’identité, même si la loi impose maintenant de faire la gueule sur le cliché officiel.
Marina ne trouve pas ça drôle. En juin, elle passera le brevet des collègues. Ce fichu papillon bleu est obligatoire, au risque de ne pouvoir se présenter à l’examen. L’un de ses parents doit l’assister dans cette démarche, mais Marina, de ce côté, a de sérieux problèmes d’identité. Maman est SDF. Dans sa tête comme administrativement, elle ne sait plus trop où elle est. Papa n’exerce plus son droit de visite en lieu neutre depuis des mois. Papa se drogue et boit. Papa est absent, pour Marina comme pour le tribunal d’Amiens, qui aurait bien voulu lui dire deux mots le 13 février dernier (et a fini par lui coller trois mois ferme).
Avec de pareils ascendants, la gamine a connu une enfance peu reluisante et est devenue une ado encore plus énervante que les autres ados (je vois quelques parents qui soupirent, l’air entendu, en lisant leur journal). Alors elle a vécu chez sa tante, près d’Abbeville, où elle s’est à peu près stabilisée. Jusqu’à ce que son père se dispute avec la tata et, en guise de cyniques représailles, décide de reprendre sa fille à son domicile. Là, elle est devenue Cosette, prenant des claques parce qu’elle n’allait pas assez vite à faire la vaisselle ou que sa chambre n’était pas assez bien rangée. Sans parler des insultes émanant de cette épave encore capable de prédire à sa fille qu’elle ne fera jamais rien de bien. Jusqu’à une scène de violence encore plus forte, en juin 2015, qui a valu au dénommé Ludovic, 38 ans, une procédure judiciaire et à Marina le retour chez sa tante. Gentiment, le délégué du procureur a proposé au géniteur – dont on ne serait pas surpris qu’il touche les allocations familiales – de subir un stage de parentalité, auquel il ne s’est pas présenté. D’où la condamnation du 13 février.
Et c’est ainsi que pour demander une carte d’identité, donc passer son Brevet, Marina, via l’avocate de l’aide à l’enfance, devra saisir un juge. Franchement, il y a des baffes qui se perdent et elles ne sont pas toutes destinées à des gamins.

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