Irena, tome 3: Varso-vie, Jean-David Morvan et Séverine Tréfouël (scénario), David Evrard (dessin). Editions Glénat, 72 pages, 14,95 euros.
C’est du mémorial de la Shoah de Yad Vashem, à Jérusalem, plus ou moins de nos jours, que la suite du destin d’Irena Sendlerowa se dévoile. D’abord à travers le périple d’une petite fille, Oliwka. En Pologne, en 1947, elle apprend qu’elle se nomme en fait Astar Berkenbaum. Elle qui se croyait catholique est en fait juive. Et elle doit fuir les persécutions de nouveau, du fait des communistes cette fois. Orpheline, elle se lie d’amitié avec un petit garçon, s’embarquera sur le Président Warfield, un vieux paquebot qui deviendra mondialement célèbre sous le nom d’Exodus. Finalement, elle parviendra en Palestine, se mariera, aura une petite fille. Et lui racontera, à Yad Vashem qu’elle doit sa vie à Irena.
A la fin du précédent tome, celle-ci était en très mauvaise posture, au mains des SS. Torturée, promise à la mort, elle parviendra à s’échapper, grâce à l’aide de ses amis et de la vénalité d’un gardien. C’est désormais entourée de fantômes, mais en ayant sauvé 2 500 autres enfants, qu’elle finira la guerre. Et avec toujours l’impression de n’avoir eu qu’une attitude normale. Ou tout simplement humaine.
En racontant le destin hors-norme d’Irena, en faisant revivre cette « Juste », Jean-David Morvan, Séverine Tréfouël et David Evrard font oeuvre d’utilité publique. Surtout au moment où le gouvernement polonais légifère sur l’interdiction du rappel de la collaboration de certains Polonais avec les nazis. Plus éclaté et distendu, ce troisième tome parvient néanmoins à conserver sa cohérence et présente cette tranche d’histoire de manière pédagogique (même si l’allusion au conflit israélo-palestinien se retrouve réduit à un seul bout de case… mais ce n’est, il est vrai pas le propos du livre).
Comme dans les deux précédents tomes, le style rond et enfantin du dessin de David Evrard (proche de celui du Petit Nicolas par certains aspects) permet de faire passer les pires horreurs – et il y en a encore son lot cette fois – de façon pas trop traumatisante. Et, surtout, il distille une empathie indéniable avec son personnage.
Ce troisième tome devait être le dernier, mais il faut croire que la générosité d’Irena dépassait le cadre. Un quatrième tome est ainsi annoncé pour le mois de septembre prochain.
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