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Radio libres

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Interférences, Laurent Galandon (scénario), Jeanne Puchol (dessin). Editions Dargaud, 128 pages, 17,99 euros.

Pour Alban, le fils de bourgeois, et son copain Pablo, orphelin d’un père apparemment républicain espagnol, tout commence à l’été 1973 sur la Côte d’Opale. Deux jolies et délurées anglaises leur font découvrir une radio rock aux titres géniaux et inédits: Radio Caroline, la radio pirate émettant depuis un vieux rafiot dans la Manche (Richard Curtis en a fait une belle évocation dans son film Good Morning England). Si les deux ados flashent sur les courbes des filles britanniques, ils tombent amoureux de ce son si unique. Il leur faudra attendre cinq ans pour y replonger.
En 1978, Alban et Pablo sont « montés » à Paris. Alban s’est radicalisé, est devenu maoïste (en tout cas, il lit La Cause du peuple), tandis que Pablo se berce surtout de musique rock. Une rencontre avec Douglas, un ingénieur du son ayant travaillé sur le navire de Radio Caroline, va faire basculer leur vie.
Dragueur invétéré, Douglas les aide à trouver le matériel nécessaire pour qu’ils se lancent à leur tour sur les ondes. Ainsi naît « Radio Nomade », avec son programme de musique mais aussi d’interviews aux accents très politiques et contestataires. Sous le pseudo de Teach et Rackam, Alban et Pablo vont voir croître leur nombre d’auditeurs, mais ils vont vite subir la traque du pouvoir giscardien déclinant et de sa police. Et plusieurs événements plus personnels vont mettre leur amitié sérieusement à l’épreuve.

Si elles ont été bien documentées, ces quelques années de la fin des « seventies » qui ont fleurir ces radios libres, apparaissent toujours aussi surprenantes et anachroniques, à l’heure d’une bande FM regorgeant de radios généralement gorgées de pub et, trop souvent, réduites à un robinet musical sans grande inspiration.
C’est donc le premier mérite de ce récit de rappeler le combat – a priori farfelu et marginal – qui a pu faire craquer le monopole de la radio (pour le meilleure et le pire, mais là n’est pas la question).
L’autre intérêt de cet album est de faire revivre la période de façon vivante et dynamique (ce qui n’était pas forcément évident lorsqu’il s’agit de montrer, pour l’essentiel, des types assis derrière un micro). Jeanne Puchol, qui avait déjà fort bien restitué l’ambiance du mouvement étudiant de 1986 dans son évocation de la mort de Malik Oussekine, donne encore une belle énergie à ses personnages, à travers son dessin réaliste en noir et blanc.
Et le scénario de Laurent Galandon imbrique bien le contexte général et le drame romanesque particulier que va être amené à vivre son trio de personnages. Sans interférences pour la fluidité du récit et sa jolie évocation de cette fin des 70′, en paroles et musiques.

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