Les Danois, Clarke. Editions Le Lombard, 104 pages, 17,95 euros.
Il est amusant de vivre « en direct » un récit d’anticipation. C’est le cas, en ce moment, avec Les Danois, dont l’intrigue se déroule entre novembre 2017 et novembre 2018. Tout commence – ou a commencé – par une série de naissance d’enfants blonds aux yeux bleus à Copenhague. Ce qui, en soi, n’est pas très surprenant, sauf quand il s’agit de la fille de Sorraya Safiedine et de son mari, tous deux immigrés jordaniens ou du fils de Kirsten Erikson, danoise brune (aux cheveux rouges) dont le père d’un soir était un Mauritanien. Et de telles naissances, jugées forcément « adultérines », se multiplient, au point de susciter l’intérêt de journalistes d’investigation comme Jorgen Brandt ou le Belge Daniel Meyer et de commencer à susciter la panique au Danemark comme au siège de l’union européenne. Car cette épidémie d’enfants blonds pourrait bien être la conséquence de l’apparition d’un rétrovirus. Et celui-ci pourrait encore réserver des surprises, comme Martin, un biogénéticien doué végétant comme laborantin, l’a découvert, en séquençant un peu par hasard l’ADN de Sorraya et Kirsten.
Tous ces protagonistes vont être appelés à se croiser, tandis que le chaos s’amplifie, que la société s’installe dans l’état d’urgence et que la découverte d’un vaccin devient un enjeu sanitaire et financier primordial…
Il est de coutume de dire que l’on ne fait pas de bonnes histoires avec de bons sentiments. Ici, la révélation finale, qui relève un peu de ce registre, n’enlève pourtant rien à l’intérêt de ce thriller biologico-politique développé sur une centaine de planches. Mieux, ce clin d’oeil final ouvre le récit sur une réflexion philosophique non dénuée de pertinence.
Auparavant l’aspect choral du récit, les intrigues parallèles et les « heureux hasards » diluent un peu trop l’histoire. Mais le dessin semi-réaliste dynamique de Clarke, qui soigne particulièrement bien les expressions de ses personnages, crée une ambiance attractive. Et le rythme, bien soutenu, incite à suivre jusqu’au bout cette enquête en forme de quête génétique et politique. Sans compter le joli contre-pied apporté aux peurs identitaires, également bien contemporaines.
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