Le dernier match de Guessouma Fofana remonte au 17 février. Face à Toulouse (0-0), il avait été expulsé à la 75e minute.
Guessouma Fofana, votre expulsion était-elle justifiée ?
Je suis déséquilibré dans le dos et je retombe sur le mollet de Cahuzac. Je suis expulsé mais ce n’est pas une faute intentionnelle. D’ailleurs, je n’ai pris qu’un match et depuis mon retour de suspension, je n’ai pas joué une seule minute mais cela fait partie du métier.
Vous n’avez pas joué parce que les places sont chères au milieu ?
Oui et on a un groupe de qualité. J’avais bien commencé la saison avant ma blessure (fracture du péroné) qui m’a mis «out» pendant cinq mois et je sais très bien les efforts qu’il a fallu fournir pour revenir le plus vite possible.
Cette période a-t-elle été très difficile à vivre ?
Non et quelque part, cette blessure m’a fait du bien car je me construis dans la difficulté. Toute ma vie, cela a été compliqué. On ne m’a jamais fait de cadeaux. J’étais arrivé à une situation où cela se passait très bien. J’étais un peu dans le confort avant cette blessure. Cela m’a obligé à remettre le bleu de chauffe et à travailler. À chaque fois que j’ai connu des moments difficiles, j’en suis toujours ressorti plus fort. Je sais que cette situation n’est que passagère.
Ce match à Lille est-il celui du maintien ?
Non mais il ne faut pas se mentir. Il reste huit matches dont quatre face aux quatre premiers. Contre ces équipes-là, on sait très bien, même si on en est capables, que c’est très compliqué de prendre des points. Contre les Lillois, on n’a pas le droit de se louper. Je ne crois pas au match à six points mais il va conditionner beaucoup de choses pour la suite. On arrive dans le ‘‘money time’’ et il va falloir faire un résultat sans se mettre de pression.
Jouer à huis clos, est-ce un avantage pour les Lillois ?
Je ne sais pas car c’est toujours bien d’avoir son public avec soi, même si leur relation avec leurs supporters est assez compliquée. On aurait bien aimé aussi avoir notre public.
Le maintien se jouera-t-il essentiellement à domicile face à Caen, Strasbourg et Metz ?
Pour se maintenir il va falloir prendre des points à domicile et ne pas en laisser filer. Après, à l’extérieur, on fera peut-être un ou deux coups même si ce sera compliqué. Chaque match sera une bataille et il faut en gagner le plus possible.
Cette 16e place est-elle miraculeuse ?
Non, ce n’est pas un miracle. Si on est à cette place et si on a ce nombre de points, c’est qu’on les mérite.
Pouvez-vous vous maintenir ?
J’y crois depuis le début et cela ne va pas changer. Je n’ai jamais été quelqu’un de négatif. On est capable du meilleur comme du pire mais quand on met ce qu’il faut, les résultats sont positifs. Parfois, on a fait preuve de passivité, de naïveté. On a flanché et cela nous a coûté beaucoup de points sur des erreurs individuelles. Comme la mienne à Bordeaux. Ce sont des faits de jeu et c’est la différence entre les grandes et les petites équipes. Les Lyonnais ont fait un match médiocre chez nous mais ils ont été efficaces sur leurs occasions.
Tout le monde est-il concerné dans le vestiaire ou sentez-vous des joueurs de passage ?
Pour avoir connu le National, la Ligue 2 et la Ligue 1, les mentalités ont changé. Un coach a dit que c’est beaucoup plus compliqué de gérer un vestiaire de Ligue 1 que de Ligue2 parce que la Ligue 1, c’est le summum, c’est l’élite et qui dit élite, dit médiatisation, argent en jeu, etc. Cela influe sur les gens, les hommes qui veulent aller de plus en plus haut et forcément, ils ne sont que de passage. Il y en a pour qui Amiens, c’est un tremplin. Pour d’autres, c’était peut-être une solution par défaut, je ne sais pas. En tout cas, pour moi, c’est un club où je suis arrivé il y a trois ans avec lequel on a fait beaucoup d’efforts pour l’amener où il se trouve.
On vous sent très concerné par l’avenir du club…
Cela me ferait mal de le voir redescendre. Je suis là depuis le début et je sais le nombre de galères qu’on a vécues, le nombre de points qu’on a dû aller chercher pour en arriver là. Tout n’a pas été parfait mais je me sens concerné à 200% par l’avenir du club. Cela s’est tellement bien passé que
Ressentez-vous une fin de cycle ?
Un peu. Le groupe a beaucoup changé, certains joueurs avec qui j’étais ne sont plus là. On verra mais je veux que ça se termine bien pour le club et une fois le maintien acquis, on fera les comptes mais dans ma tête, je ne ferai pas la saison de trop. Si je le sens, on se mettra autour d’une table pour discuter.
À vous écouter, vous allez vous maintenir…
J’en suis persuadé et vu que c’est deux fois plus dur pour nous, il faut en être persuadé sinon tu vas droit dans le mur. On a vécu ça en National puis en Ligue 2. On a déplacé des montagnes et on a montré aussi nos limites mais c’est aussi dur d’aller chercher une montée qu’un maintien. On est capables de le faire et je crois au groupe.
À condition d’être au service du collectif en mettant son ego de côté…
L’avenir du club passe avant moi. Si je ne joue pas, je ne vais pas foutre la merde. Quand on ne joue pas, on n’est pas content mais l’ego ne doit pas prendre le dessus car cela impacte sur le groupe. Ce sont ces choses-là qu’il faut éviter. Lorsque le groupe est un peu affecté, cela peut créer des failles au niveau de l’état d’esprit et ce n’est pas le moment.
Propos recueillis par Rachid Touazi
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