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Mai 68 (2/6): l’éveil au Grand Soir

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La veille du Grand soir, Patrick Rotman (scénario), Sébastien Vassant (dessin). Editions Delcourt-Seuil, 192 pages, 24,95 euros.

Avec son diptyque Génération (co-écrit avec Hervé Hamon en 1988), Patrick Rotman s’est imposé sinon comme le spécialiste du moins comme le vulgarisateur le plus populaire de Mai 68. Depuis, il est revenu sur le sujet sur tous les supports, en film comme dans le beau (et bon) livre Les années 68 (qui vient d’être réédité par le Seuil, justement). Ici, il traite le sujet pour la première fois en bande dessinée, avec l’appui de Sébastien Vassant (déjà auteur pour sa part de la restitution d’un autre pan de l’histoire française récente, La guerre d’Algérie, avec Benjamin Stora). Mais il s’inscrit dans la veine de la description des tumultes du XXe siècle ouverte par Octobre 17, paru en fin d’année dans cette même collection co-éditée par le Seuil et Delcourt.

Comme il le précise d’emblée, Patrick Rotman a été un acteur de Mai 68. Il s’en fait le témoin et l’historien ici, reflet de ce qu’il a pu en vivre en tant qu’étudiant à Paris et ce qu’il a pu en comprendre à travers des entretiens avec de nombreuses figures du pouvoir de l’époque.

Contrairement à la récente Histoire d’un printemps, La veille du Grand Soir se déroule uniquement entre début et fin mai 68 à Paris. Lorsque son personnage principal, un étudiant se retrouve pris un peu malgré lui dans la rafle policière des gauchistes occupant la Sorbonne, le 3 mai. A partir de là, il déroule les événements, vu du côté des leaders étudiants, Daniel Cohn-Bendit, Alain Krivine, Alain Geismar et des activistes du Mouvement du 22 mars, mais aussi dans les coulisses du pouvoir, autour d’un général de Gaulle en train de vaciller et aux relations de plus en plus tendues avec son ambitieux Premier ministre, Georges Pompidou.

Une double approche, faite de vécu et de souvenirs personnels mais aussi d’un récit historique plus distancié. En haut, en bas mais centré donc sur Paris, le Quartier latin.

Graphiquement, le dessin de Sébastien Vassant s’avère parfois un brin approximatif dans la physionomie des visages de ces personnages. Et si son style un peu dur et froid, dans des tonalités bistres un peu tristes convenait fort bien à la tragédie algérienne mais qui donne une tonalité bizarrement sombre à un événement qui reste quand même comme un joyeux printemps.

Comme dans Génération, on pourra reprocher un prisme un peu trop parisien et un peu trop centré sur la seule frange des militants de la JCR. Mais Patrick Rotman revendique honnêtement sa subjectivité dans ce récit romanesque de Mai qui ne manque pas d’intérêt pour saisir le flux et le reflux de cette répétition d’un Grand Soir jamais advenu.

  • Pour être, nous aussi, dans le tempo « commémoratif », nous évoquons durant toute une semaine, des albums, romans graphiques ou magazines de bande dessinée évoquant Mai 68.
  •  Demain, pour ce troisième épisode, retour en arrière – à mi-chemin de 1968 – avec une histoire d’amour contrarié sur fond de Mai 68 à Paris, revu par Yann et Bodart et exhumé du début des années 1990.

 

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