Alors que la Coupe du monde 2018, débute aujourd’hui en Russie, petit échauffement autour du terrain en quatre ouvrages récents – et pas dénués d’intérêt – traitants, de manière illustrée, du foot.
Un mois après le revival soixante-huitard, à l’intérêt sans doute surestimé même s’il a donné lieu à quelques bons albums, c’est au tour de l’engouement footbalistique de s’emparer de l’édition. Coupe du monde oblige.
Et, là encore, la bande dessinée entre également dans le jeu.
Dans la veine de leurs précédents ouvrages sur Paris ou la Guerre de 14-18, les éditions Petit à Petit proposent ainsi leurs Histoires incroyables de la Coupe du monde (19,90 €), compilées et scénarisées par Olivier Marie (et non pas Emmanuel Petit qui continue, de son côté, à faire fructifier aussi son passé footbalistique).
L’ouvrage n’est pas une bande dessinée, à strictement parler. Ou pas qu’une bande dessinée. Pédagogique, ce recueil réunit donc une trentaine d’anecdotes en lien avec l’histoire de la Coupe du monde illustré à chaque fois par une histoire courte en BD. De la première épopée de l’équipe de France (alors composée d’amateurs) en Uruguay en 1930 jusqu’à la triste équipée du bus de Kysna, en Afrique du sud en 2010, mais aussi le coup de boule de Zidane en 2006, la « main de Dieu » de Maradona, la révolte magnifique et suicidaire de l’Autrichien Sindelar face aux nazis en 1938 ou le drame du gardien de but brésilien de 1950. Chaque chapitre est complété par un petit historique et divers éléments de contexte. De quoi se replonger dans l’ambiance du Mondial, de se rafraîchir la mémoire et, sans aucun doute, d’apprendre des choses.
Oeuvres de jeunes ou méconnus dessinateurs, la partie graphique ne brille pas par son originalité mais restitue honnêtement les récits.
Dans une approche un peu similaire, mais plus « géopolitique », le dirigeant de l’IRIS Pascal Boniface conte lui aussi l’évolution de la Planète football, (éditions Steinkis, 120 pages, 16 €), avec l’appui des illustrations de David Lopez. Il revient sur les origines britanniques du foot, rappelle notamment l’instrumentalisation du jeu le plus populaire de la planète par les régimes totalitaires (de l’Italie de Mussolini à l’Argentine de Videla en 1978 en passant par l’Allemagne nazie ou le Chili de Pinochet), l’implication civique de certains footballeurs (l’emblématique Brésilien Socrates ou le Hongrois Ference Puskas), le racisme, le fric, etc.
Là encore, il ne s’agit pas d’une bande dessinée mais bien d’un ouvrage illustré – dans un style plus ou moins caricatural, en bichromie verte). Intéressant et fouillé, mais un brin aride donc.
Même formule, mêlant textes et illustrations, mais dans une approche plus colorée et ludique avec l’ABC du foot. (éditions du Chêne, 144 pages, 14,90 €). Comme son nom l’indique, ce petit ouvrage vise à apporter une culture minimale à tout un chacun appelé à vivre un mois de Coupe du monde. Ayant déjà commis un ABC de l’argot, Marcelle Ratafia et Lulu d’Ardis se proposent donc de délivrer une « culture foot » express, de A comme Arsenal jusqu’à Z comme Zidane, forcément. Et en bonus, les deux auteures proposent même une explication claire et simple de la règle du hors-jeu ! Ecrit avec une plume leste et enjouée, rehaussée d’un graphisme pop acidulé, ce livre s’avère, mine de rien, bourré d’infos. A laisser traîner bien en vue sur la table du salon pour celles et ceux qui seraient un brin hermétiques au foot et qui, à défaut d’êtres conquis, pourront au moins s’éduquer en se distrayant (et inversement).
Enfin, on se permettra de jouer à la limite du hors-jeu (de la Coupe du monde), avec un autre ouvrage récent publié par les éditions du Chêne au titre tout à fait approprié : Le monde est foot, (128 pages, 14,90 €) de Thibaut Soulcié. Connu pour ses dessins de presse dans de nombreuses publications « généralistes », de Télérama à La Revue dessinée, de Fluide Glacial à Fakir, il officie aussi à l’Equipe depuis quatre ans. Et c’est donc une petite compilation de ses meilleurs dessins, publiés entre 2014 et 2016 (plus quelques inédits) qui est proposée ici. On y parle de la dernière Coupe du monde au Brésil ou de la plus récente Coupe d’Europe des nations de 2016 (et le mec chelou portugais en slip qui empêcha la victoire française), mais aussi de Ligue 1 – avec logiquement une sureprésentation du show permanent du PSG, et ses suivants de l’OM et de Monaco. Et plus largement des arbitres, des entraîneurs, des patrons de clubs. Il faut, certes, avoir une connaissance minimale du milieu pour apprécier la subtilité de certains gags. Mais on notera aussi l’effort pédagogique réalisé par une double page de présentation succinte (et déjà très drôle) du « football pro ». Et puis le dessin très caricatural et expressif de Soulcié est un plaisir permanent qui va droit au but.
Voilà en tout cas quelques ouvrages parfaitement adaptés aux semaines à venir. Pour se remettre à niveau ou s’occuper lors de matchs pas trop passionnants.
L’article Un monde de foot, en dessins aussi est apparu en premier sur Courrier plus.