La Petite souriante, Zidrou (scénario), Benoît Springer (dessin). Editions Dupuis, 72 pages, 14,50 euros.
Après treize ans de mariage, Josep Pla dit « Pep » a enfin réussi à faire « fermer son clapet » à sa femme Dora… A coup de masse dans la tête. Non sans difficulté, il est parvenu à la tuer et à la faire disparaître, le cerveau en bouillie, la robe toute ensanglantée dans un puits. De cette femme tant haïe, il ne conserve que trois molaires retrouvée dans le hayon de son pick-up. Une délivrance minutieusement montée avec sa maîtresse, qui n’est autre que son infecte belle-fille.
Mais quand il rentre chez lui… il y retrouve sa femme, qui ne semble s’être douté de rien, lui réclamant juste du beurre qu’il devait aller chercher en ville.
L’arrivée de ladite belle-fille va faire monter la tension d’un cran – si Dora n’est pas dans le puits, qui donc y est-il ? Troublés quand même, les deux amants vont fourbir un nouveau plan, appelé lui aussi à réserver quelques surprises.
Voilà ce qui s’appelle une histoire à se fendre la gueule. Au sens propre comme au figuré. Si l’on est fan de gore ou si les éclaboussures de sang ne vous gêne pas, c’est le genre de petit récit qui peut mettre en joie. Un thriller rural avec une victime insouciante et à la cervelle d’oiseau qui se refuse à mourir et un couple d’amants-tueurs minables et glauques. Et une histoire qui de la série noire glisse dans une atmosphère fantastique digne de la Quatrième dimension. A moins que la clé du récit ne se trouve simplement dans une chanson populaire de 1908, qui donne le titre à l’album et qui paraît en avoir, littéralement, inspiré l’intrigue. Mais, même sans cela, cet univers d’élevage d’autruches dans une sierra paumée (espagnole ?) a déjà de quoi bien dépayser le lecteur.
Une forme de petite récréation pour Zidrou, scénariste prolifique et aux multiples univers.
Bref, une « série B » trash et absurde, sanglante et rendu réjouissante par la restitution graphique qu’en fait Benoît Springer. Déjà associé avec Zidrou pour Le Beau voyage ou l’Indivision, il développe ici un style réaliste très expressif.
Enfin, il faut noter le soin apporté par l’éditeur au « vieillissement » de la couverture, qui rajoute au côté « pulp » et décalé de l’album.
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