Mutations, épisode 1, Léo et Corine Jamar (scénario), Fred Simon (dessin). Editions Dargaud, 64 pages, 14,99 euros.
Mutations, “épisode 1″… mais “saison 2” de Mermaid Project ! On retrouve ainsi Romane et El Malik, les deux policiers, quelque temps après qu’ils ont mis fin aux expérimentations douteuses de la multinationale Algapower. Ils n’en n’ont pas été récompensés. Afin d’étouffer le scandale tous deux, désormais officiellement en couple, ont été mis sur la touche et réduits à se reconvertir difficilement en détectives privés à Paris. Mais voilà que de nouveaux faits étranges se déroulent dans l’océan indien: les cétacés, devenus belliqueux, attaquent les navires. Et, plus inquiétant encore, lors d’une attaque dans le golfe du Mozambique, les orques étaient équipées… de roquettes !
Recrutés par l’ONU, Romane et El Malik font appel à Kruger, l’ex-barbouze d’Algapower retourné, et tous trois partent mener une enquête difficile à Maputo, en butte à l’hostilité et au racisme local.
Surprenant et original au départ, Mermaid Project s’était effiloché et essoufflé au fil de ses cinq albums. D’où quelques réticences à replonger dans un nouveau cycle aux thématiques très proches du précédent. Mais ce premier album relance plutôt bien la série.
Rappelant fort habilement le contexte général, à l’aide de dialogues distillés tout au long du récit, l’histoire s’attarde de nouveau sur les particularités de ce monde du futur géopolitiquement renversé : Paris devenue une cité du tiers-monde, pluvieuse et déclassée depuis que les nations émergentes d’Afrique et d’Amérique du sud sont devenues les leaders mondiaux, l’Océan indien transformé en zone arctique (ou antarctique plutôt) des suites du dérèglement climatique, des hyènes utilisées en chiens de traîneau, un violent racisme anti-blanc – qui montre que c’est moins la couleur de peau que le sentiment de domination social et économique qui explique de tels comportements – etc. Ce décalage d’anticipation, tout comme les mystères qui entourent les activistes de la révolte des cétacés suscitent et maintiennent l’intérêt tout au long de ce premier épisode.
D’autant que, graphiquement, Fred Simon est toujours aussi talentueux, avec un style semi-réaliste très dynamique.
A l’image de Romane et El Malik ré-embauchés par l’ONU, donnons donc une seconde chance à cette série.