Jamais, Bruno Duhamel. Editions Grand Angle, 54 pages, 15,90 euros. Sortie le 10 janvier 2018.
Après Le Retour, Bruno Duhamel conserve l’environnement marin, l’exotisme en moins. l’histoire se déroule cette fois dans un petit port normand, aux falaises qui s’effritent sous l’effet du dérèglement climatique. Et justement, la maison de Madeleine fait partie des habitations en péril. Mais cette vieille dame, aveugle et veuve d’un mari disparu en mer, ne veut partir de chez elle sous aucun prétexte, plongeant le maire de la commune dans les plus grandes angoisses, sur sa responsabilité… et les retombées médiatiques en cas d’accident.
Et non seulement, Madeleine s’accroche à sa maison, qu’elle partage avec son chat Balthazar et le souvenir de son mari Jules, mais elle entend bien faire tout sauter avec son stock de grenades allemandes de la Seconde Guerre mondiale récupérées jadis par son mari !
A défaut de la convaincre, la ruse pourra peut être faire son oeuvre, comme l’épouse du maire le suggère, à moins que cela n’enclenche encore plus de fracas. Pendant ce temps, le jardin de Madeleine s’effondre chaque jour un peu plus, laissant craindre le pire à la prochaine tempête.
Au-delà du dessin semi-réaliste, déjà utilisé dans le précédent album, les premières pages, sur le marché aux poissons avec ces échanges de vannes dignes d’Astérix et la première rencontre entre le maire et la vieille dame orientent le récit vers un registre semi-comique, voire un brin burlesque dans les rapports entre Madeleine et son chat, par exemple ou avec ce gag récurrent du jardin qui part en morceaux. Mais l’émotion est toujours là et elle s’imposera subrepticement, au cours d’une nuit décisive, révélant les raisons de la farouche détermination de la vieille dame.
Une tragi-comédie très incarnée qui, derrière un récit simple et linéaire, aborde avec subtilité les problèmes du grand âge, de sa solitude et du dérèglement climatique.
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