La bédéthèque idéale, sous la direction de Vincent Bernière. Editions Revival, 224 pages, 29 euros.
C’est le genre d’ouvrage idéal pour s’initier, parfaire ses connaissances, ou se donner des pistes pour découvrir la bande dessinée. 99 BD qu’il faut avoir dans sa bibliothèque, de Maus, le chef d’oeuvre mondial d’Art Spiegelman (n°1) à l’underground Binky Brown rencontre la vierge marie, d’un autre Américain, Justin Green.
Dans cette “bédéthèque” tout aussi subjective qu’idéale, se côtoient donc aussi bien Tintin au Tibet d’Hergé qu’Astro Boy de Tezuka, Rubrique-à-brac de Gotlib et Le Transperceneige de Lob et Rochette ou encore Palestine de Joe Sacco et Lucky Luke – Phil Defer de Morris et Barbarella de Jean-Claude Forest. Un éclectisme affirmé qui réunit ainsi le meilleur de la bande dessinée franco-belge “classique” et moderne, des mangas ou des comics.
Dirigé (et initié) par Vincent Bernière, qui a relancé plutôt avec succès les Cahiers de la bande dessinée l’an passé, cet ouvrage associe aussi qualité et sobriété. Après une petite introduction, chacun des titres choisis à droit à une page de présentation associé à une illustration pleine page, extrait ou inédit en lien avec l’ouvrage. Les articles, érudits mais clairs et faciles à lire sont l’oeuvre d’une dizaine de journalistes et critiques spécialisés, dont Yves Frémion ou Lucie Servin. A chaque fois, l’album est bien resitué dans le contexte plus général de l’oeuvre de son auteur, résumé et analysé de façon pointue avec finesse et intelligence
On peine certes à saisir l’ordre qui prévaut au classement (à moins qu’il ne s’agisse tout simplement que d’un ordre hiérarchique, même si ce n’est pas précisé). Conséquence, il peut apparaître déconcertant de passer, par exemple, de V pour Vendetta d’Alan Moore et David Lloyd (paru à la fin des années 1980, fiche n°44) à Histoire de M.Cryptogame de Rodolphe Töpffer (1845, n°45) puis au Schtroumpf-vert et vert-schtroumpf de Peyo (1972, n°46).
Et, forcément, limite obligée de l’exercice, chacun pourra trouver à pinailler sur la présence ou l’absence de tel ou tel album. C’est aussi, par son côté “encyclopédique” le genre de livre qui se picore et auquel on se réfère plutôt qu’il ne se lit en bloc.
Mais entre les incontournables et quelques pépites méconnues, le sommaire ne manque en tout cas pas de cohérence. De quoi donner donc des pistes pour “l’honnête homme lecteur de bande dessinée” du début du XXIe siècle.
A noter que cet ouvrage bibliographique paraît dans le cadre d’une nouvelle aventure éditoriale menée par Vincent Bernière, les éditions Revival, qui ambitionnent, grâce à des campagnes de financement participatif (sur KissKissBankBank) à “faire revivre les classiques d’hier et promouvoir les jeunes artistes d’aujourd’hui”, comme il s’en expliquait notamment, longuement, cet été. Bref, là encore, à bâtir une forme de bédéthèque idéale (sont déjà parus, notamment, Colville de Steven Gilbert, l’historique M.Poche d’Alain Saint-Ogan ou plus récemment La variante du dragon, de Frank et Golo, des ouvrages qui méritent que l’on y revienne plus spécifiquement).
Au fait, pourquoi seulement 99 albums et pas cent, qui ferait un compte rond ? Justement parce que le centième est justement celui qui les réunit tous.
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