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Revival fait redécouvrir le livre de Poche

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M.Poche, Alain Saint-Ogan. Editions Revival, 176 pages, 29 euros.

On a récemment évoqué l’ambition des éditions Revival, auteur d’une intelligente Bédéthèque idéale, de faire revivre des bandes dessinées du passé. Cette dimension patrimoniale s’incarne tout à fait avec la parution de M.Poche d’Alain Saint-Ogan.

Créateur de Zig et Puce, inspirateur d’Hergé, cet auteur est une figure majeure des débuts de la bande dessinée française, dans l’entre-deux guerres. Comme le souligne Julien Baudry, en préface de cet album: “Ses oeuvres faussement désinvoltes contiennent en germe les développements à venir de la bande dessinée européenne moderne, en particulier l’usage régulier de la bulle de parole dasn une série au long cours et grand public, ou encore la recherche de la clarté dans la composition et le trait.”

Dans sa carrière, M.Poche s’inscrit à la suite des aventures du duo de gamins aventuriers. Après le final épique et SF de Zig et Puce, fin 1934, Saint-Ogan lance une nouvelle série d'”histoire nouvelle illustrée” pour l’hebdomadaire Dimanche illustré. Son nouveau personnage est l’antithèse de ses deux précédents héros.

Bon bourgeois casanier, étourdi et donneur de leçon, tout rond et le nez rouge en patate, il tient un peu du M.Prudhomme créé par Henry Monnier en 1830. Un siècle plus tard, M. Poche développe aussi sa suffisance sur son entourage. Mais s’il est hautain et arrogant, il peut aussi être naïf, voire touchant de maladresse. Il déploie ses talents dans sa vie quotidienne de “Parisien moyen”, à force de quiproquos ou de gags bon enfant. Au fil des pages, il sera bientôt affublé d’un kangourou, Salsifis (le nom lui ayant été donné par un concours auprès des lecteurs du journal) et d’un petit garçon, Ratafia. Et si la plupart des histoires tiennent en une planche, vers la fin de la série (en 1937), Saint-Ogan entraîne son personnage dans une histoire plus longue, rebondissant de page en page, autour d’un running gag : la possibilité toujours empêchée pour M. Poche d’entrer à l’expo universelle de Paris en resquillant.
Les récits, en bichromie rouge et noir sont délicieusement désuets, mais ne manquent pas de dynamisme, tout en restituant bien l’ambiance des années 30. Et cet anti-héros au gros ventre et au gros nez particulièrement volubile aura une descendance décalée avec le bien plus connu Achille Talon, de Greg. Ce dernier, qui repris après-guerre la série fétiche d’Alain Saint-Ogan, Zig et Puce, livre plein d’anecdotes sur l’auteur dans la postface, confirmant notamment que Talon “est certainement né, sans que cela soit conscient, d’un gros et tendre souvenir de Monsieur Poche.”

Pour cette réédition intégrale (qui reprend toutes les planches des quatre albums dans les années 30), les éditions Revival ont même retrouvé 37 gags qui n’avaient jamais été publiés en album.
Relié et sur un beau papier Munken crème, cet ouvrage fait incontestablement honneur à ce précurseur de la BD franco-belge.

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