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Une tarte pour se réconcilier avec les épinards

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Un peu de tarte aux épinards, tome 1: bons baisers de Machy, Philippe Pelaez (scénario), Javier Casado (dessin). Editions Casterman, 48 pages, 11,95 euros.

En matière d’épinards et de bande dessinée, on connaissait Popeye. Mais Marie-Madeleine Madac Miremont se pose désormais là.

On la découvre dès la première planche en mère courageuse et célibataire, résidant à Machy, petit village de l’Aube. Son mari, camionneur, a pris la route pour ne plus jamais revenir, la laissant seule avec huits enfants: Marcel, Mauvert, Maurice et Murat côté gars ; Magalie, Mathile, Mireille et… Sarah (mais elle, elle n’était pas prévue). Même si elle ne semble pas très futée, elle fait face.
Pour subvenir aux besoins de cette grande famille, Marie-Madeleine fait des petits boulots, mais pense avoir trouvé la recette miracle grâce à son champs d’épinards. Chacun mettant la main à la pâte, la famille va produire des tartes à vendre au marché. Le résultat est mitigé jusqu’au jour où un livreur vient lui amener un paquet venant de Somalie, bien destiné à “M.M.Madac” de Machy.
A l’intérieur du colis, d’étranges plantes que Marie-Madeleine ajoute à ses tartes suivantes, qui obtiennent alors un succès fou. Une vraie réussite jusqu’à ce qu’une bande de tueurs britanniques ne viennent s’intéresser d’un peu trop près à ces colis, à l’origine du quiproquo et à cette fameuse plante exotique qu’ils contiennent, qui s’avère être du khat, la drogue favorite de la Corne de l’Afrique !

Fraternité familiale et polar rural vont de pair dans cet album, tome 1 d’une série envisagée donc, mais composé comme un épisode complet. L’héroïne est aussi atypique que le cadre du récit – quoique ces derniers temps, la “france péri-urbaine oubliée” et les classes populaires ont retrouvé une sacrée visibilité. Mais Philippe Pelaez ne fait pas dans le récit social, plutôt dans la fantaisie burlesque pleine d’énergie. Plongeant d’entrée le lecteur au milieu de son étonnante tribu, il ne le lâche plus, dans une intrigue qui maintient constamment un rythme soutenu jusqu’à l’explosion finale. Une intrigue soutenue également par des dialogues qui, au-delà des allitérations en “M”, prennent un vrai plaisir à jouer avec les mots (notamment autour du mauvaise interprétation du mot “fuck” / “feucque”.

Graphiquement, la famille nombreuse, chaleureuse et chamailleuse fait d’abord un peu songer aux Beaux étés, dont le trait semi-réaliste très expressif de Javier Casado se rapproche. Pour la seconde partie et son action échevelée, on pense plus à la récente adaptation de San-Antonio, avec une même légèreté et fluidité dans le dessin.

Passablement improbable, cette histoire s’avère fort réjouissante. Même sans avoir goût à la tarte de Marie-Madeleine Madac Miremont de Machy, on “M” et on aime…

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