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Procès d’Etienne Crappier, pour tentative de meurtre à Méharicourt (Santerre) le 25 juon 2016

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Le 31 janvier 2019

Une partie civile de trop

Le procès d’un homme accusé d’avoir voulu tuer un copain en le brûlant, a commencé par une bataille d’avocats.

Le procès d’Étienne Crappier a débuté par un incident, au sens procédural du terme, ce jeudi. À 9 h 30, après avoir tiré au sort les jurés, la présidente Ledru fait l’appel des parties civiles. Logiquement, Me Céline Lumbroso se constitue pour Patrice B., l’homme brûlé par son copain Étienne Crappier, le 25 juin 2016 à Méharicourt, dans le Santerre. Mais son collaborateur au cabinet Wacquet, M e Sénéchal, se constitue également pour Sébastien C., le troisième comparse de la nuit de libations, qui considère pouvoir arguer d’un préjudice moral.
À la demande de Me Guillaume Demarcq, avocat de l’accusé Étienne Crappier, cette constitution est déclarée irrecevable, Sébastien C. n’ayant jamais fait état de son préjudice pendant ses deux auditions lors de l’instruction (dont il n’a aucun souvenir !) L’homme redevient donc un témoin. Témoin capital…
« UNE FAUTE PÉNALE »
Ce n’est pas fini. Sur le choix du cabinet Wacquet par Sébastien, Me Demarcq ne croit « ni au coup de foudre, ni à la télépathie ». L’avocat de défense craint surtout qu’en préparant son dossier, Sébastien ait eu« accès à l’intégralité de la procédure », ce qui ne peut que nuire à l’oralité des débats. Il demande donc a minima « des investigations pour connaître la nature et la fréquence des communications » entre Sébastien et le cabinet Wacquet mais va plus loin : « La seule solution, puisque l’on ne peut pas changer de témoin, c’est qu’on change d’avocat, car nous sommes face à une faute pénale d’une nature jamais vue ».
Me Lumbroso, venue représenter une victime, est contrainte de… se défendre : « Quel est l’objectif ? La transparence ? Dont acte. On peut consulter mon agenda et interroger mes collaborateurs. Monsieur Sébastien C. nous a contactés il y a une dizaine de jours. Il a pris rendez-vous avec M e Sénéchal mais ce dernier a été retenu à l’audience le jour dit. J’ai donc reçu M. Sébastien C. Il est reparti sans la moindre communication de ma part quant au dossier ». Elle ajoute : «Nous sommes un cabinet sérieux ». Me Demarcq savoure : «Justement, parce que vous êtes sérieux, je n’imagine pas un instant que vous n’ayez pas préparé le dossier en ouvrant la procédure. Je n’en crois pas un mot ».
La cour se retire à nouveau pour délibérer, et fait litière de l’incident : «Toute investigation se heurterait au secret professionnel. De plus, le problème est de nature déontologique ». Sébastien C. ne sera pas partie civile mais témoin ; Me Céline Lumbroso représentera Patrice B. Il est plus de 11 heures, le procès peut commencer…

L’INTENTION HOMICIDE SERA LA CLEF

ÉTIENNE CRAPPIER, 44 ANS, EST-IL À L’ORIGINE DE L’INCENDIE DE SON PROPRE SALON, QUI A CAUSÉ DE GRAVES BLESSURES À SON COPAIN PATRICE B., QUI SERA PLONGÉ DANS LE COMA ARTIFICIEL AU SERVICE DES GRANDS BRÛLÉS DE LILLE AVANT D’EN RÉCHAPPER, NON SANS SÉQUELLES ? LA RÉPONSE EST OUI. ABÊTI PAR UNE NUIT D’ALCOOLISATION (IL AVAIT ENCORE DEUX GRAMMES DANS LE SANG LE LENDEMAIN MIDI), ÉNERVÉ PARCE QUE SA REMORQUE DE PÊCHE AVAIT ÉTÉ DÉTÉRIORÉE, CRAPPIER A MIS LE FEU À SON CANAPÉ (OÙ ÉTAIT ALLONGÉ PATRICE) APRÈS L’AVOIR ARROSÉ D’ESSENCE.
A-T-IL VOULU LA MORT DE « PATOU » ? C’EST MOINS ÉVIDENT ET C’EST TOUT L’ENJEU DE CE PROCÈS. UNE SEULE FOIS, EN GARDE À VUE, IL A CONCÉDÉ AVOIR VOLONTAIREMENT ASPERGÉ SON COPAIN« POUR LUI FAIRE PEUR ».
LE VERDICT EST ATTEND LUNDI SOIR
Vendredi 1er février 2019

Brûlé pour une blague idiote et un pneu dégonflé

Étienne Crappier a mis le feu à son copain Patrice pour des motifs futiles à Méharicourt (Santerre) en 2016. Son éthylisme et ses troubles psychiatriques n’y sont pas étrangers.

Comment Étienne Crappier en est-il arrivé à mettre le feu à son vieux copain Patrice et accessoirement à sa maison de Méharicourt (Santerre), le 25 juin 2016. Crappier, 44 ans, c’est « un voisin jovial », «un gentil garçon qui a rendu service à beaucoup de monde », d’après ses proches. Pas un marginal, non ! « Avec un bon job, une maison, une voiture toutes options, on ne peut pas dire qu’il n’était pas inséré », commente avec bon sens Sébastien, le troisième acteur de cette nuit de feu.

VEXÉ PAR UNE RÉFLEXION SUR SON ANATOMIE
Pourtant, il l’a fait, dans des conditions qu’il peine à retracer, ce vendredi devant les jurés de la Somme, arguant de multiples « trous noirs ». À tout crime il faut mobile. Celui-ci prêterait à sourire si un homme n’en avait cruellement souffert. « Quelques mois avant, j’ai surpris une conversation où le fils de Patou me traitait de monocouille. Ça m’a vexé », se souvient Étienne. On décide de tout oublier, au point de programmer une partie de pêche le 26 juin. Sébastien et Patou dormiront à la maison, Rodolphe les rejoindra à l’étang. « Il avait fait ses cinq nuits au travail, il était content de préparer cette journée » , se souvient sa mère.
Dans la nuit, il est encore question de la « monocouille ». « Patrice a fini par dire qu’il ne viendrait plus », se souvient Sébastien. Vers 4 heures, on décide d’accrocher la remorque, pour ne pas salir le Duster tout neuf. Étienne découvre qu’un pneu est dégonflé : « Je me suis dit que c’était Patou qui avait fait le coup, qu’il m’avait trahi. Ça m’a fait comme une boule, tout s’est mélangé. Je me suis dit que je ne m’en sortirais pas. J’ai décidé de mettre le feu à ma maison ». « Mais pourquoi arroser d’essence votre copain ? » interroge la présidente Ledru. « Je voulais qu’il le sache » , répond Crappier, qui s’enfuira après avoir craqué son briquet, sans un regard pour sa victime dont les membres inférieurs sont en flammes.
ALTÉRATION DE LA RESPONSABILITÉ
Pour comprendre la scène, il faut se souvenir qu’après un régime whisky-chips, les trois hommes dépassaient allégrement les deux grammes dans le sang. Entendre, aussi, l’histoire de cet homme aux yeux mi-clos, à la voix rendue pâteuse par les anxiolytiques. Son frère aîné, schizophrène, s’est suicidé le 31 décembre 1999. « Toute cette joie pour l’an 2000, il ne pouvait pas la supporter », sanglote sa mère. Son cadet vit reclus. Lui a déjà fréquenté l’hôpital psychiatrique pour des troubles obsessionnels et une lourde dépression. L’expert psychiatre parle d’hallucinations, de psychose, de schizophrénie. Elle est formelle : il y a « altération de la responsabilité ».
Le verdict est attendu lundi soir.
Audience du lundi 4 février 2019

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