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La bonne, la brute et la truande

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Mondo Reverso, Arnaud Le Gouëfflec (scénario), Dominique Bertail (dessin). Editions Fluide Glacial, 88 pages. 16,90 euros.

Régler les problèmes par la discussion, la psychologie, c’est bon pour les hommes. Les femmes, les vraies, règlent leurs embrouilles à coup de winchester dans la tronche. Bienvenue dans Mondo Reverso, un western pur jus qui pue la progestérone !

Quand Lindbergh voit sauter du train un prêtre complètement azimuté, il se sent poussé par un vent de liberté et saute à son tour. Marre de n’être que la chose de sa femme, prisonnier d’une vie sans intérêt, cantonné aux tâches quotidiennes. Au fond du canyon, la liberté ne durera pas bien longtemps. Suzette, docteure à ses heures et charlatan (charlatane?) à plein temps lui met le grappin dessus. Mais Lindbergh n’est pas un garçon facile. Il se débarrasse de cette brute à coup de casserole et prend la clé des champs. Des plaines, plutôt. Où après moult rebondissements, il croise le chemin de Cornelia, louve solitaire à la gâchette facile recherchée par la moitié des chasseuses de prime du pays…

Premier western « transgenre », parue d’abord en épisodes dans Fluide glacial avant de devenir un gros volume, Mondo reverso ne tord pas le cou aux clichés: il leur met la tête à l’envers. Dans un contexte où le harcèlement, les rapports hommes/femmes mais aussi la place des gays dans notre société suscite chaque semaine de nouveaux débats, cet album fait un bien fou. D’abord parce que son humour anticonformiste et son rythme élevé en font un album que l’on dévore. Aussi parce que l’inversion des rôles souligne le ridicule de la domination hypothétique d’un sexe sur l’autre.

Certes, le XXIe siècle n’est pas aussi sauvage et brutal que l’Amérique de la conquête de l’Ouest. Mais les questions sur le harcèlement, celles sur l’acceptation des lesbiennes, des gays, des bisexueles, des trans, restent ô combien clivantes. Cette histoire, comme un miroir déformant, nous renvoie une image peu reluisante de notre société. Irréversible?

Saluons enfin le très beau travail en sépia de Dominique Bertail, qui avait notamment collaboré à Infinity 8 avec Zep et Lewis Trondheim, et les textes délicieusement déjantés d’Arnaud Le Gouëfllec, lauréat du Prix Jeunnes France Télévisions pour Vilebrequin.

Expo-vente Mondo Reverso du 2 au 17 février, Galerie du 9e art (Paris IX). Vernissage, en présence des deux auteurs le 2 février.

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