Le chevalier errant, Ben Avery (scénario), d’après une nouvelle de George R.R. Martin, Mike Miller (dessin). Editions Dargaud, 156 pages, 14 euros.
Au-delà des fans qui auront veillé cette nuit pour visionner le premier épisode de la dernière saison de Game of Thrones, tout le monde (ou presque) aura eu connaissance de la relance, forcément historique et mondiale de George R.R. Martin, ce 14 avril.
L’aventure évoquée ici est en fait une “préquelle” à l’histoire de Jon Snow, Daenarys Targaryen et de la fratrie infernale des Lannister. Elle se déroule une centaine d’années avant le “retour de l’hiver” et des marcheurs blancs.
A l’époque, Westeros apparaît presque paisible. Mais les tensions demeurent, seize ans après la rébellion ratée de Daemon Feynor, le bâtard du roi Aegon IV, contre l’héritier légitime du trône, son demi-frère Daeron. Une guerre sanglante achevée lors de la bataille d’Herberouge où tombèrent bien des chevaliers dans chaque camp. Ser Arlan, qui se battit pour Daeron, a survécu à l’hécatombe. Et à son retour, il fit d’un jeune gardien de porcs de Culpucier son écuyer. Et ce dernier, lors du tournoi de Cendregue devient chevalier.
Aujourd’hui, lorsque l’histoire commence, Ser Duncan le Grand, alias “Dunk” est chevalier errant, accompagné d’un insolite écuyer de sang royal, dénommé “l’Oeuf”, à cause de sa tête rasée pour dissimuler sa chevelure blanche. En route pour Winterfell, le fief des Stark dans le nord de Westeros, Dunk et l’Oeuf croisent une bande d’autres chevaliers errants qui les incitent à participer au tournoi organisé à Murs-Blancs pour célébrer le mariage de Lord Beurpuits. D’autant qu’un oeuf de dragon sera remis au vainqueur et, qu’à défaut, les dotations des finalistes auraient de quoi remplumer la bourse de Dunk. Mais le tournoi est le cadre de bien des intrigues et d’un complot au sein duquel Dunk va être pris bien malgré lui.
La sortie de cet album, ce même jour que le premier épisode de la si attendue huitième saison du Trône de fer ne manque donc pas d’opportunisme. Mais il n’est pas sûr qu’elle soit franchement opportune.
Inspirée de la nouvelle du même nom de George R.R. Martin (d’où, donc, la possibilité d’écrire son nom en TRES GROS sur la couverture), ce Chevalier errant est en fait le deuxième volet de ces aventures. Un premier tome est paru voilà près de dix ans chez Bragelonne / Milady Graphics. D’où un certain nombre de références passablement hermétiques à qui entame la lecture par cet album-ci.
Mais, même sans cela, l’album peine à séduire. Il ne se sert guère de sa pagination conséquente de 150 pages pour densifier le récit. Très bavard et trop statique, le récit s’enferme dans des monologues fastidieux et une intrigue faussement complexe qui a tôt fait de perdre le lecteur. Quant au dessin, réaliste, s’il est globalement correct, il s’avère sans personnalité particulière.
Bref, loin de la sophistication sulfureuse et passionnante de Game of Thrones, ce sont plutôt des origines du Trône de fer rouillées qui sont dévoilées ici. Et le plus héroïque, dans cette fantasy, est encore le lecteur qui sera arrivé à tenir jusqu’au bout de l’album. D’autant que, finalement, c’est peut-être le dessin de couverture et son clin d’oeil à Don Quichotte qui sont les plus réussis. Et assurément les seuls à enthousiasmer.
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