
Je suis de bonne humeur ce matin. La raison?


En me rasant, j’ai découvert, dans l’émission L’Instant M, de la délicieuse, brune et souriante Sonia Devillers, sur France Inter, que la pétillante, volubile et hussarde Élisabeth Lévy venait de fonder REACnROLL, une webtélé. «Elle sera la maison de ceux qui se sentent parfois des «mécontemporains» mais aussi de tous ceux qui veulent dialoguer avec eux», annonce-t-elle du haut de sa voix et de son ton reconnaissables entre tous. «Les «réacs» peuvent être, selon l’ancienne terminologie, de droite, de gauche, et même du centre, libéraux ou jacobins, adeptes du nucléaire ou décroissants, partisans de l’ordre ou zadistes dans l’âme. Lecteurs de Finkielkraut, Kundera, Houellebecq, Muray, Modiano ou Orwell, ils n’ont en commun «que» leur amour des œuvres du passé et leur conviction, pour les plus jeunes et/ou les moins désespérés, que quelque chose du vieux monde doit être sauvé. Ce qui ne les empêche pas de jouir des bienfaits du nouveau.»


Tout ça me plaît bien. On va enfin rigoler. En tout cas un peu plus qu’avec l’entre-soi de la bien-pensance qui voit des fachos partout, qui veut brûler les bouquins de Céline et Tintin au Congo, qui pourrit la fin de vie d’Alain Delon, qui soupçonne de machisme les mecs qui font des compliments aux filles. Oui, on va rigoler. Car on peut, en tant que citoyen être favorable à la lutte des classes, vénérer Marx, Tergnier et la pêche à la ligne, et se sentir réac dans l’âme. C’est-à-dire aimer la littérature de droite, la France, le passé et se méfier comme de la peste de cette grande poule stupide qu’est la modernité et ses affidées: les nouvelles technologies. Oui, c’est comme ça, lectrice, mon sensuel amour charnu. C’est dit. J’étais tout autant de bonne humeur ce soir-là, au Bistrot Saint-Germain, à Amiens, quand j’ai vu sur scène la jeune chanteuse Nao. Sur sa guitare Lâg, elle égrène de doux accords tantôt folk, tantôt blues, tantôt bossa. Elle se fend d’une reprise de la regrettée Amy Whinehouse. Nao a 23 ans; elle est arrivée à Amiens pour y faire des études de médecine et de psychologie. Elle les a arrêtées pour peaufiner ses connaissances de la guitare et du chant au conservatoire. Elle a en projet de sortir un EP. Nao donnera des concerts à Amiens (au Capuccino, le 7 juin, à 19 heures et le 8 juin, à 15 heures; et à l’Île aux fruits, le 13 juin). Elle se produira ensuite à l’Institut français de Liepzig, en Allemagne. Et, quand elle m’a fait savoir qu’elle était originaire de Chauny (ma ville de naissance) et qu’elle avait étudié dans cette même ville au lycée Saint-Charles (où, en 1978, j’allais conduire tous les matins, en voiture, ma délicieuse Féline, ma petite fiancée de 17 ans qui deviendrait mon épouse; elle y étudiait également), mon esprit se mit à vagabonder. Rêver, suçoter les cachous doux de la nostalgie… je ne suis bon qu’à ça. Je suis un réac’n’roll.
Dimanche 19 mai 2019.
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