Le retour à la terre, tome 6: Les métamorphoses, Jean-Yves Ferri (scénario), Manu Larcenet (dessin), Dominique Thomas (couleur). Dargaud 48 pages, 12 euros.
Dans le village des Ravenelles, Manu Larssinet flippe de nouveau sévère. Mariette, sa gentille et patiente femme, attend leur deuxième enfant. Après Pupuce, Manu doit se faire à l’idée d’être de nouveau père. Une nouvelle qui panique notre auteur de BD tourmenté préféré, ayant choisi de vivre à la campagne pour mieux lutter contre ses démons. Entre sa bande dessinée Plats à terminer, les coups de pression de son éditeur adoré, les SMS aux emojis énigmatiques envoyés par sa voisine Madame Mortemont, et la quête d’un père qu’il n’a jamais connu, il y a de quoi devenir dingue. En pleine crise existentielle, Manu réussira-t-il à rebondir ?
Avec ce sixième tome du Retour à la terre, Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri ont rassuré leurs nombreux fans qui n’y croyaient plus. L’avant-dernier tome, Les désolations, était paru en 2008… Une éternité pour tous ceux qui ont suivi avec délectation les affres de Manu Larssinet (un double plus vrai que nature de l’auteur, avec lequel toute ressemblance n’est pas fortuite) ayant choisi de s’exiler à la campagne avec femme, chat et enfant(s).
Dans ce nouvel épisode, scénarisé par son complice de toujours Jean-Yves Ferri (ayant trouvé du temps entre deux Astérix), Manu Larcenet revient quatre ou cinq ans en arrière, lors de sa période de création de sa série culte Blast, « une Bédé morbide » selon sa femme. Une période noire pour cet auteur prolifique où l’on apprend qu’en proie au doute, il a même songé à arrêter la bande dessinée.
Heureusement il n’en est rien et ce retour sur le chemin de l’humour en est la preuve. Comme dans les précédents tomes, la verve comique et emplie d’autodérision de Ferri et le dessin simple et expressif de Larcenet fonctionnent toujours aussi bien, sachant alterner séquences comiques et d’émotion. Comme le temps a passé depuis leur dernière aventure, les personnages récurrents (Madame Mortemont, l’épicier, le voisin M. Henri ou l’Ermite) ont aussi évolué, l’une faisant un usage immodéré de son nouveau smartphone ou l’autre devenu un avatar de l’amour est dans le pré.
Larcenet et Ferri prennent aussi un malin plaisir à mettre le personnage de leur éditeur adjoint dans des situations plus qu’incroyables, en immergeant ce Parisien bobo, bardé de diplômes, au fin fond de la ruralité, style Koh Lanta chez les zadistes ! Après dix ans d’absence, on constate avec plaisir que les gags de ce duo diabolique font toujours mouche. En espérant qu’ils prennent moins de temps la prochaine fois pour nous donner de belles tranches de rire.
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