
Le 19 août 2004, à la déchetterie de Saint-Ouen, Gisèle s’écroule. Elle meurt cinq jours plus tard. On s’apprête à prélever ses organes mais les médecins alertent le parquet : l’origine de la mort, c’est un coup violent reçu au crâne. « Un coup de manche à balai »,reconnaît Noël, qui, le 5 avril 2011 (ç’aurait été une femme de notaire, le juge d’instruction se serait bougé un peu plus, passons…) est condamné à quatre ans de prison ferme, après avoir pleuré pendant deux jours sur le souvenir de sa femme.
Quand le président appelle son nom, à l’audience du 18 juin 2019, tout me revient. Noël, 57 ans, a retrouvé une femme, à Abbeville, il est devenu père, il travaille toujours, ne lit toujours pas ( « mais ça va, sur ma machine, je sais sur quels boutons je dois appuyer »). Il répond de violences sur sa nouvelle conjointe. « C’est pas tous les jours, quand même ! Et c’est parce qu’elle boit » se défend-il maladroitement. Non qu’il soit abstinent de son côté : « Le 22 mars, j’y ai mis une claque, j’ai bu cinq bières, j’y ai remis une claque ».
Noël, c’est une punchline à la minute : « J’ai pas claqué ma femme contre le mur : c’est moi qu’a tout peint, tout tapissé ! ». On l’accuse aussi d’exhibitionnisme. La voisine, notamment, l’a vu tout nu au balcon. « Je sortais ma bête ; elle passait à ce moment-là», plaide Noël. Toute la salle d’audience, magistrats compris, s’écroule de rire. Noël met du temps à comprendre… « Mon chien ! Je sortais mon chien ! » Beaucoup moins rigolo : on apprend que dans quelques mois, Noël reprendra le chemin des assises, pour répondre cette fois de viol sur mineure (qu’il conteste ainsi : « Je ne sais pas d’où qu’on va ! C’est n’importe quoi ! »).
Noël semble toujours abasourdi par le monde qui l’entoure. Il est condamné à deux ans dont un ferme mais sans mandat de dépôt.
Noël Froidure repart, dans la chaleur d’une soirée de juin.
À la prochaine ?
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