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1789, la Révolution française vue dans les deux camps

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 1789, La mort d’un monde / La naissance d’un monde, Noël Simsolo (scénario), Vincenzo Bizzarri et Paolo Martinello (dessin et couleurs). Edition Glénat, 64 pages, 14,95 euros.

On ne sait s’il faut y voir un effet collatéral au mouvement des Gilets jaunes et à leurs revendications “révolutionnaires”, mais 1789 et la Révolution française semblent connaître un regain d’intérêt en bande dessinée ces temps-ci.
Depuis l’excellente Petite histoire de la bande dessinée d’Otto T. et Gregory Jarry, il y a trois déjà, est apparue la Révolution de Florent Grouazel et Younn Locard, dont le premier tome de la trilogie, Liberté, est sans doute déjà l’un des albums marquants de cette année.

C’est dans une veine plus classique que s’inscrivent ces deux albums, parus simultanément sur 1789, scénarisé par Noël Simsolo (auteur déjà d’un autre bon diptyque PornHollywood). Classique donc, dans la forme de l’album et dans le style réaliste historique, mais avec un parti pris qui ne manque pas d’intérêt. Ici, dans cette “naissance d’un monde” et la “mort” d’un autre, les mêmes événements historiques sont donc abordés des deux côtés, avec le Tiers Etat et le Paris populaire qui se soulève, mais aussi à Versailles avec la Cour et la noblesse.

L’histoire – la “grande” et celle qui est racontée ici – débute à la veille de la prise de la Bastille. A Versailles, on commence à s’émouvoir des échauffements des Parisiens. Louis XVI envoie ses régiments étrangers pour faire régner l’ordre. A Paris, ces interventions font courir les rumeurs. L’idée, bientôt, est de pouvoir s’armer, d’aller récupérer des fusils, puis de la poudre stockée à la forteresse de la Bastille. Le gouverneur fait tirer sur la foule. Il sera l’un des premiers à voir sa tête plantée sur une pique… et la révolte prendra une tournure révolutionnaire.
L’Assemblée, qui travaille à sa nouvelle Constitution, votera ensuite l’abolition des privilèges, durant la nuit du 4 août, essentiellement pour mettre un terme à la “grande peur” qui commençait à se répandre dans le pays où les châteaux étaient brûlés ; autre débat – plus technique et politique – en fin d’été, celui sur le veto accordé au roi: absolu ou non ? Ce balancement connaîtra un basculement décisif lorsqu’en octobre, les femmes de Paris ramèneront, de force, le roi et sa famille aux Tuileries. Encore officiellement régnante, la monarchie touchait à sa fin.

Au-delà de l’amusant contrepoint réalisé entre les deux albums, l’intérêt de ce diptyque 1789 est de décrire l’engrenage et l’évolution de la situation de juillet à octobre 1789, occasion sans doute de rafraîchir les mémoires sur ce processus révolutionnaire continu, que l’on tend aujourd’hui à réduire à la seule prise de la Bastille. Au cours des échanges et au fil des pages, on retrouve certains protagonistes oubliés et d’autres plus connus : Camille Desmoulins, le jeune Saint-Just, l’ambigu Mirabeau, La Fayette promu à la tête de la Garde nationale. L’ensemble est donc très dense, mais plutôt clair, même si le dessin ne facilite pas toujours la reconnaissance immédiate des personnages. Mais tout le mérite de cette approche est de restituer une épaisseur et une complexité à l’Histoire (ce que fait également, mais avec une autre pagination Révolution). A quelques jours de la fête nationale, c’est une lecture qui s’impose.

Le début de l’histoire, du côté du Tiers Etat (ci-dessus)… et de la noblesse (ci-dessous).

 

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