Hell’s Paradise (série en cours), Yûji Kaku (scénario et dessin). Editions Kazé, 192 pages, 7,29 euros.
Japon, époque d’Edo (XIXe siècle). Gabimaru, le plus puissant des shinobi croupit en prison. Malgré sa condamnation à mort, aucun bourreau ne parvient à lui ôter la vie. Sa formation de ninja, au village d’Iwagakure, lui permet, en effet, de résister aux plus atroces des tortures. Décapitation, écartèlement, feu…, rien ne fonctionne jusqu’à la visite d’une redoutable exécutrice. « Grande coupeuse de têtes », Sagiri de la famille Yamada Asaemon offre à Gabimaru la possibilité d’être innocenté et relâché afin qu’il puisse retourner auprès de sa femme adorée. Seule condition : se rendre sur l’île mystérieuse de Sukhavati pour en ramener l’élixir d’immortalité. Un voyage périlleux s’organise avec d’autres condamnés à mort à qui le grand shogun, Nariyoshi Tokugawa, 11e du nom, a promis l’amnistie. Sur place, la quête se transforme très vite en « Battle royale » ou « survival » où il ne devra en rester qu’un…
Divertissante surprise que ce « paradis de l’enfer » imaginé de A à Z par le jeune Yûji Kaku qui livre sa première bande dessinée d’envergure après Phantasma en 2013. Prépublié dans le magazine Shonen jump, le manga fait la part belle au fantastique et à l’univers samouraï et ninja. Un mélange déjà vu dans l’inimitable (L’)Habitant de l’infini d’Hiroaki Samura (chez Casterman).
Hell’s Paradise reprend les mêmes codes en mêlant aventure, action, ambiance surnaturelle et pointe d’humour (noir). Le scénario se veut d’ailleurs assez rythmé – dès les premières planches – avec peu de temps mort et son lot de mystères. L’histoire s’apparente à une chasse au trésor durant laquelle les participants tombent comme des mouches.
Mieux vaut donc ne pas trop s’attacher aux personnages ! Sauf peut-être au héros de l’histoire, le ninja Gabimaru, un brin désabusé par la vie mais mû par son amour pour son épouse « laissé au pays ». Ou encore l’exécutrice Sagiri qui livre un combat intérieur afin de parfaire son art. On ne s’ennuie pas une seconde dans ce shonen réservé toutefois aux plus de 14 ans et rempli de personnages intéressants.
Parsemé de fiches-techniques (« fashion check ») décrivant les tenues de chaque personnage-clé, le manga a véritablement du style. Sans doute aussi parce que le dessin de Yûji Kaku est à la hauteur du récit. Ses planches en noir et blanc soignées et précises renvoient, par moments, à celles de Samura dans L’Habitant de l’infini. L’île de Sukhavati décrite fait froid dans le dos avec ses créatures maléfiques (telles ces papillons à tête humaine) semblant sortir tout droit sorti de l’imaginaire Berserk de Kentaro Miura (Glénat). Une série tranchante qui promet.
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