Vietnam Journal, Don Lomax. Editions Delirium, 144 pages, 20 euros.
Sa signature, c’est Scott Neithammer, mais les GI’s l’appellent “Journal”. Correspondant de guerre pour un grand magazine américain, il débarque au Vietnam en 1967, avec l’idée à ce que ses papiers ressemblent à ceux des autres: “Des interviews de généraux, des analyses stratégiques de la campagne contre l’insurrection communiste et les décomptes des pertes“. Mais il se rend vite compte que c’est sur le terrain que s’écrit l’histoire. La vraie.
Embarqués en première ligne, dans des postes avancés, il va croiser de drôles de types, comme un agent de la CIA infiltré dans les zones frontalières du Laos et du Cambodge et à moitié fou, un pilote d’hélicoptère Huey haut en couleur, un journaliste télé prêt à tout même au pire pour avoir ses sujets ou un soldat nostalgique de son vieux fusil M14. Journal va aussi avoir pas mal d’anecdotes, comme cette vareuse porte-bonheur qu’il endosse en souvenir d’un camarade ou une belle et triste histoire d’un maître chien. Autant d’évocation d’une sale guerre où chacun s’enfonce chaque jour un peu plus dans la folie, récit du quotidien des soldats de base paumés dans cette jungle infernale.

Plus proche d’Apocalypse Now que de Rambo, pouvant se comparer à Vietnam 1965 de Joe Kubert par son témoignage vécu, mais en moins militariste sans être pour autant antimilitariste, Vietnam Journal est surtout une illustration sans fioritures de la réalité du combat des GI’s au plus près du terrain.
Le style graphique, hyperéaliste, en noir et blanc, rappelle les “pulps” de guerre. Et le choix d’une édition en petit format, broché accentue encore cette impression. Mais, comme d’habitude avec les albums Delirium, l’édition est soignée, enrichie d’une préface de Gary Reed, premier éditeur américain du livre et ponctuée, entre chaque chapitre, de reproductions de “fiches de soldats disparus”.
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