
Le 18 août dernier, le club de foot de Bouttencourt reçoit Oisemont. Les locaux doivent dominer puisque leur gardien de but a le temps d’observer le parking où un individu se glisse au volant d’une Mercedes. En plus, il le connaît : c’est Simon Alderbonn, alia « Mégot-man » , ainsi surnommé parce qu’il ramasse les clopes sur les trottoirs de Blangy, souvent alcoolisé. Du coup, quand à la fin du match, on se rend compte qu’une Audi A4 a disparu – les clefs, comme celles de la Mercedes, ont été volées dans le vestiaire – on ne cherche pas plus loin l’auteur du forfait.
Le propriétaire de la Mercedes n’a que ses yeux pour pleurer : « J’avais avancé les sous pour aller voir le match Nantes-Marseille. Les copains venaient de me rembourser en liquide. Et comme il m’a pris mon portefeuille… » De l’ADN est prélevé sur la commande de lève-vitres : Simon est trahi.
Celui de l’Audi lance l’alerte sur les réseaux sociaux. Une habitante du coin lui signale qu’elle a croisé sa voiture du côté d’Incheville, avec à son volant un drôle de type qu’elle connaît… « Mégot-man » . Et à 19 h 16, à Tilloy-Floriville, une Audi A4 est flashée par un radar. Sur la photo, on identifie sans peine, devinez qui, Simon !
Tant qu’on y est, les gendarmes se souviennent qu’en janvier 2018, on avait retrouvé un bonnet sur le lieu d’un cambriolage, au Translay, et que le couvre-chef contenait l’ADN de… Simon.
« Le bonnet, c’est le pompon » , ose Me Jérôme Crépin, dont l’expérience n’est pas inutile au moment de soutenir un client qui nie en bloc ! « Ce que vous me dites, c’est pas des preuves, c’est des dénonciations, c’est rien du tout » , estime Simon, quinze mentions au casier, un voyageur sédentarisé sur un terrain au nord de Blangy.
Et l’ADN ? « C’est facile de me le prendre et de le mettre dessus. Mon bonnet Adidas, on me l’avait volé. » La théorie du complot n’est pas loin… « Un jour ou l’autre, celui qui m’a fait ça, il sera maudit. »
Et pourtant il faut le défendre… Me Crépin ne barguigne pas : « Vous pourriez croire qu’il se moque de vous mais ce n’est pas le cas. Je ne sais pas si c’est un serial voleur mais c’est un serial cinglé. Son raisonnement ne tient pas debout, il n’est pas bien dans sa tête ». L’avocat note que dans ses réquisitions (huit mois), la procureure a presque tenu compte d’une altération du discernement qu’aucun expert n’a prononcé.
Simon est en effet condamné à huit mois ferme. Il sourit. Il n’a rien avoué.
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