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L’art subtil de Matt Kindt pour dérouler ses crimes étranges

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 Du sang sur les mains, de l’art subtil des crimes étranges, Matt Kindt. Editions Monsieur Toussaint Louverture, 272 pages, 24,50 euros.

L’Américain Matt Kindt mène une double carrière, entre comics de super-héros (pour Marvel ou l’éditeur Valiant) et romans graphiques plus ambitieux et personnels. C’est dans ce deuxième registre que se situe ce roman graphique de près de 300 pages, même s’il s’inscrit dans un « genre » très cadré: le polar. Voire même le polar d’apparence classique.

Dans les années 60, dans la petite ville américaine de Diablerouge, à la frontière américano-canadienne, aucun crime ne semble devoir rester secret. Et ce grâce au talent et aux méthodes de l’inspecteur Gould. Un vrai flic archétypal, avec son chapeau à la Dick Tracy et son sens de la déduction. Un talent dont rend régulièrement compte la presse locale mais qui s’attache à résoudre des affaires pouvant sembler bien secondaires:  une serveuse qui dérobe et accumule des chaises, un galeriste ayant bâti sa fortune en découpant en morceaux des tableaux, un malfrat à la tête d’un trafic de fourrures, une romancière créant un roman à partir d’une composition gigantesque de panneaux, etc. Mais derrière cela se cache aussi un crime machiavélique qui dévoilera toute sa puissance.

Salué par Jeff Lemire (scénariste de l’excellente série Descender) comme l’oeuvre la « plus envoûtante et stimulante à ce jour » de Matt Kindt, Du sang sur les mains est aussi volontiers comparé à Usual suspect, le génial film manipulateur de Bryan Singer ou à Memento de Christopher Nolan, autre récit déconstruit et de ne prenant son sens qu’à la toute fin. Ce gros pavé partage effectivement cette dernière caractéristique. Auparavant, le récit ou plutôt les multiples chapitres disparates qui s’accumulent, peut laisser circonspect. Ces mini-intrigues, rituellement ponctuées par la reproduction d’un article du journal local et d’une intrigante page sur fond noir de dialogue entre Gould et un mystérieux interlocuteur, peuvent s’avérer assez ironiques. Mais aussi d’un intérêt relatif. D’autant que le style graphique, rehaussé à l’aquarelle, n’a rien d’éblouissant.

De fait, c’est le genre d’album qui s’apprécie en étant relu, et re-relu. A moins d’une attention extrême dès la première lecture, de multiples détails apparaissent alors au fils des petites historiettes, comme autant d’indices fondamentaux, jouant sur le rapport texte-image, pour nouer (ou dénouer) l’intrigue finale.
Sur ce plan, Matt Kindt manie effectivement un « art subtil » pour narrer ces « crimes étranges« . Un jeu de piste jubilatoire quand on y plonge pleinement, même s’il demeure quand même assez largement artificiel.

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