Penss et les plis du monde, Jérémie Moreau. Editions Delcourt, 231 pages, 25,95 euros.
Quel est le sens de la vie ? Son cycle ? L’Homme peut-il dominer la nature ou doit-il se résoudre à n’en être qu’un composant fragile et provisoire comme les autres ?
Dans Penss et les plis du monde, Jérémie Moreau nous invite à appréhender ces questionnements métaphysiques à la manière dont son jeune personnage observe les ronds dans l’eau. Contemplatif, il l’est pour le moins.
Les hommes de sa tribu ne le comprennent d’ailleurs pas, lui qui est incapable de chasser sa propre nourriture alors que c’est là la clé de la survie du clan. Penss en est persuadé, il existe une alternative. Faire de cette conviction une réalité a un prix, celui de l’apprentissage, long, de la culture.
A travers cette fable préhistorique, le très en vue Jérémie Moreau (Fauve d’or à Angoulême pour La saga de Grimr en 2018) dépeint une problématique vieille comme l’humanité et d’une actualité évidente: celle de notre rapport à la nature.
Agro-écologie, développement durable, pesticides, perturbateurs endocriniens, réchauffement climatique… Autant de notions qui nous amènent progressivement (trop) à repenser notre façon de nous alimenter et de surexploiter notre environnement. Comme Penss lutte pour sa survie, nous devons aujourd’hui reconsidérer nos modes d’alimentation et de consommation pour le bien des générations à venir…
Ce beau volume de 231 pages laisse place aux rêveries du personnage central, les représentations du végétal, du minéral, et de leurs mouvements y sont empreints d’une poésie que l’on croise trop rarement.
On pourrait cependant regretter le style plus singulier que Jérémie Moreau avait adopté dans Le singe de Hartlepool, qu’il avait cosigné avec Wilfrid Lupano (prix BD des libraires 2013). Qu’importe, au fond, puisque la puissance du récit et son écho dans le monde contemporain en sont les principaux engrais.
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