Lire : je ne suis plus bon qu’à ça.

La dentellière, Pascal Lainé; Folio-Gallimard. Je viens de lire une longue et magnifique interview de Pascal Lainé par Jérôme Garcin. L’écrivain descend à fond son roman La dentellière qui lui valut le prix Goncourt en 1974. Il estime que ce bref roman aurait occulté le reste de son œuvre abondante et éclectique. Il a tort, Lainé. Ce texte est sublime. Ce portrait de jeune femme (Pomme) issue d’un milieu ouvrier qui rencontre Aimery, fils de famille fortunée et cultivée, demeure poignant. Ça se passe «dans un département en forme de betterave» (l’Aisne); Pascal Lainé fut, dans sa jeunesse, professeur de philosophie au lycée technique de Saint-Quentin. Dans l’interview, Lainé dit aussi que Pomme n’a jamais existé. Pas sûr: quand j’étais jeune journaliste localier à L’Aisne Nouvelle, à Saint-Quentin et que j’avais fait un long article pèlerinage sur La dentellière, j’avais reçu un mystérieux coup de téléphone d’une dame; elle m’avait certifié être la fameuse dentellière; elle précisa qu’elle avait souffert. Elle ne me dévoila pas son identité, me proposa un rendez-vous mais ne vint pas. Le mystère reste entier. Pascal, si vous me lisez, je vous en prie: dites-moi la vérité.
L’Irrévolution, Pascal Lainé; Gallimard; coll. Le Chemin. Ce court roman, oublié et certainement détesté par son auteur, se situe au début des années 1970 dans un lycée technique. Un jeune professeur de philosophie tente de communiquer avec ses élèves, de futurs chaudronniers. C’est l’histoire romancée de l’auteur au lycée technique de Saint-Quentin. Encore sur le thème de l’incommunicabilité entre les classes sociales. Comme pour La dentellière. Ce roman, prix Médicis 1971 est carrément génial. PHILIPPE LACOCHE
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