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Confiné au jardin : Babette se lâche

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Babette surveille ses progénitures. (Photos : Philippe Lacoche.)
“Tu veux ma photo?”, demande Babette, agacée, au jardinier qui ne cesse de la photographier. Ancienne hippie, spectatrice des festivals de Woodstock, de l’Ile de Wight et d’Amougies, elle n’en possède pas moins un caractère impétueux. Féministe à ses heures, c’est ce qui explique peut-être qu’elle a été abandonnée par son mar;, elle élève seule ses deux enfants. “Ne la laisse pas tomber/ Elle est si fragile/ C’est une escargote libérée tu sais c’est pas si facile”, eût pu chanter Cookie Dingler.
Babette compare ses cornes à celles du renne. A gauche : le gros tas de merde brune qu’elle vient de lâcher sur la table du jardinier confiné.

Sartrien invétéré, adepte d’un Existentialisme pur et dur, le jardinier confiné contemplait, une boule d’angoisse au ventre, la petite famille de gastéropodes nouvellement réunie (voir notre chronique d’hier) et philosophait: «Être homme, c’est être responsable. L’Homme est tel qu’il se crée. Et il se crée en agissant.» Fallait-il rendre la liberté au jeune Bernard retrouvé dans l’évier, blotti, tel un Huckleberry Finn intrépide, au fond d’un mug rouge vif? Bernard avait fugué; il l’avait avoué au confiné. Ce dernier avait fini par retrouver le reste de la famille: Babette, une ancienne baba cool, bien en chair, trop bien en chair pour passer en dessous de la porte de la véranda; et la toute jeune et toute frêle Rosa, pusillanime, restée auprès de sa maman. «Faut-il leur rendre la liberté?» ne cessait de s’interroger le jardinier.

Lourde merde brune

En attendant, sur les conseils de sa petite fiancée, très attachée à la condition animale, il s’occupa de créer une niche pour la famille: il remplit le mug d’herbe fraîche qu’il rafraîchit grâce à la bonne eau de source du Faubourg de Hem, plaça le trio à l’intérieur. Et observa. À peine déposé, Bernard profita d’un moment d’absence de sa mère pour filer en douce. Il fut rattrapé par Babette qui, bien que cool et grande lectrice de Libres enfants de Summerhill, passa un fichu savon à son mioche. Est-ce la colère qui lui relâcha les sphincters? Elle chia une lourde merde brune sur la table du confiné qui fit semblant de ne rien voir. Pour se remettre de ses émotions, Babette compara ses cornes avec celle d’un renne, motif de la nappe de Noël que ce con de confiné n’avait toujours pas enlevée. La soirée se déroula ainsi, Babette redoublant de vigilance, tandis que la petite Rosa, sage, s’était déjà endormie dans le nid d’herbe grasse et humide. PHILIPPE LACOCHE

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