





Ma petite fiancée adore les animaux. Lorsque les matous viennent dans son jardin de la rue de Boutillerie, à Amiens, pour enquiquiner sa chatte Papillotte, elle les chasse, certes avec énergie, mais avec une gentillesse qui force le respect. Avec le printemps, vous vous doutez qu’elle a du travail car Papillotte, malgré un léger embonpoint dû au manque d’exercice – c’est, en fait, une grosse feignasse – et à de régulières OD de croquettes, est assez canon. Généralement, les vieux matous concupiscents comprennent qu’ils n’ont pas la cote auprès de leur belle-maman potentielle, et s’en vont vers d’autres cieux, courtiser d’autres minettes. Il y a peu, mon amie a constaté qu’un chat revenait toujours se mettre à l’abri sous l’appentis et, même, qu’il y restait. Elle s’est donc intéressée à l’animal et a fini par constater qu’il ne s’agissait pas un matou bad guy, un Thomas O’Malley des rues en rut, mais bien une mignonne petite chatte. Dans un second temps, elle constata aussi qu’elle était en très mauvais état et d’une maigreur incroyable. La pauvre petite bête, un adorable chartreux, n’avait plus que la peau sur les os. Ça fendait le cœur. À vue d’œil, elle est toute jeune, cinq ou six mois tout au plus. Nul doute qu’elle avait dû se faire salement embêter par certains gros queutards des faubourgs. Des Marc Dutroux en puissance. Peut-être que, se la disputant, ils s’étaient bagarrés devant elle; peut-être même qu’ils avaient abusé d’elle. Allez savoir. Ma petite fiancée se pencha un peu plus sur son cas. Après l’avoir confortablement installée dans le logis de Djali, sa regrettée chèvre que lui avait offerte son père, alors, qu’enfant, elle réclamait un chien, elle la nourrit et l’abreuva avec soin, la caressa beaucoup afin de lui redonner confiance, et l’installa dans un panier tout douillet au côté de Gorille, l’une de ses peluches de petite fille. Elle constata également que les coussinets de ses pattes étaient tendres, ce qui prouve qu’elle ne vivait pas dans les rues mais qu’elle devait avoir une famille. Comment s’était-elle retrouvée dans cette délicate position, abandonnée de tous? Mystère et boule de poils! Nous la fîmes visiter au cabinet vétérinaire de Longueau où il fut constaté qu’elle n’était pas pucée. Comme elle est vraiment craquante, mignonne, douce, ronronnante et très polie, nous nous mîmes à lui chercher un nom. Elle opta pour Paillette; moi, pour Duchesse. Deux noms, ce n’est pas évident pour une petite bestiole déjà perturbée par la brutalité des mâles. Nous finîmes par nous dire que le mieux serait qu’elle retrouvât sa famille. Car famille elle a. Alors, si vous la reconnaissez sur cette photographie (je mettrai d’autres photos de Paillette-Duchesse sur mon blog Les Dessous chics), écrivez-moi au journal ou contactez-moi sur Facebook. On me transmettra. Si sa famille ne se manifeste pas, sachez qu’elle est adoptable car très propre et très douce. À l’avance, merci. (J’aurais vraiment tout fait dans ce journal; voilà que je m’adonne maintenant à la petite annonce de recherche animalière!)
Dimanche 10 mai 2020.
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