
On y apprend que « commet un harcèlement moral l’employeur qui offre à une salariée, ayant été absente plusieurs fois pour maladie, Le malade imaginaire de Molière ainsi qu’un réveil, en guise de cadeaux de Noël ». (Montpellier, 2008). Que « constitue une violation des obligations du mariage le fait d’écrire dans une lettre adressée à un notaire : Ma femme étant givrée comme un sapin de Noël… il semble qu’elle se soit fixé pour but d’être plus stupide en 2005 qu’en 2004 ». (Orléans, 2007). Ou encore que « ne commet pas de faute l’employeur qui ne prend pas de mesures afin d’éviter que son salarié sourd ne soit blessé par un collègue malvoyant durant une bataille de boules de neige ». (Paris). On découvre, non sans soulagement, qu’est « justifié le licenciement du concierge d’immeuble qui pratique la magie noire dans les parties communes avec bougies, statuettes, crâne humain et photo des résidents qu’il menace d’ensorceler ou de violer ». (Paris, 2016). Qu’est « justifiée la peine de prison contre l’éducatrice spécialisée qui traite des enfants handicapés de fonds de capote , résidu de fausse couche , entre autres sévices et humiliations » . (Cassation criminelle, 2011). Dans la série « ils ont osé », on se satisfera que « commet une faute l’opérateur internet qui envoie un courrier à son abonné afin de lui attribuer pour nouveau mot de passe : salearabe”. (Bordeaux, 28 mai 2009). Devant l’évier, on arguera que « constitue une faute justifiant le divorce le fait pour l’épouse de contraindre son mari à effectuer toutes les tâches ménagères ». (Cassation, 1982). En y réfléchissant, on conviendra qu’« Est un accident du travail le fait pour un employé de cirque de se faire arracher le bras par un tigre ». (Paris, 2012).
Ce qui est formidable avec ces extraits, ces tranches, ces éclats de vie, c’est la part qu’ils laissent à l’imagination. Derrière la décision de justice, il y a des histoires, des existences et bien des souffrances dont le cabinet de curiosité ne dit rien.
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