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Ces chats qu’on aime

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Un chat qui boit dans un arrosoir, sur ma terrasse. (Photo : Philippe Lacoche.)

      Les chats sont vraiment de curieuses créatures. Vous avez beau leur remplir une gamelle bien propre d’eau potable d’une qualité exceptionnelle, ils préfèrent laper l’eau de pluie, ou, en tout cas, celle qu’ils trouvent dans la nature. L’autre jour, j’ai surpris l’un d’eux en train de s’abreuver dans l’arrosoir que j’avais laissé sur la terrasse. Il ne me voyait pas; je l’ai observé pendant de longues minutes. Il en mettait un coup. C’est banal de l’avouer: les chats m’ont toujours fasciné. J’ai dû hériter ce penchant de ma mère qui, au grand dam de mon père, ne pouvait s’empêcher de nourrir tous les félins abandonnés du quartier. Même ceux qui ne l’étaient pas car, pas idiots, ils se donnaient le mot. Et les tricheurs qui avaient des maîtres, obtenaient ainsi double ration de croquettes. Il me faut remonter très loin dans l’enfance pour obtenir une première image féline. Mes parents l’avaient surnommée Grisette. C’était une petite chatte tigrée, dont le pelage tirait sur le gris… souris. Je ne possède d’elle que des images très floues; il me revient qu’elle avait donné naissance à une portée importante de chatons. Que sont-ils devenus? Je me souviens mieux de Sophie, tigrée elle aussi, mais aux poils plus sombres. Ma mère ne cessait de dire qu’elle était très gentille. Qu’entendait-elle par là? Certainement que le petit animal était affectueux. Elle vécut très longtemps (presque à l’âge de dix-huit ans si ma mémoire est bonne). Elle donna naissance à une multitude de progénitures, dont l’un, que nous gardâmes et que nous appelâmes Budard, du nom d’un personnage très secondaire d’une série télévisuelle des années 1970 qui devait l’être tout autant. À cette époque, mes parents, dont la passion pour les animaux n’était pas sectaire, étaient parvenus à apprivoiser un canard de Pékin qu’ils avaient baptisé Justin. Ils l’appelaient; il accourait tel un chien. Lorsque mon père bêchait le jardin, il l’accompagnait par les mornes et brumeuses soirées de novembre qui s’abattaient sur Tergnier. «Et ce n’est pas seulement pour manger les vers!», soutenait ma mère. «Il aime lui tenir compagnie; il lui parle.» Le meilleur ami de Justin n’était autre que Budard. Ma mère disposait leurs gamelles l’une à côté de l’autre sur le porche afin qu’ils prissent ensemble leurs repas, ce qu’ils faisaient avec un plaisir non dissimulé. Afin de témoigner toute son affection à son copain canard, Budard, tout en cassant la croûte, encerclait de sa longue queue velue le tout aussi long cou du volatile. Justin, qui se nourrissait en partie avec les bons légumes de mon père, développait un corps d’athlète qui faisait des envieux. Ainsi, peu de temps avant un réveillon de Noël, il disparut à tout jamais, certainement enlevé nuitamment par un habitant de la cité Roosevelt qui ne roulait pas sur l’or et qui avait envie de régaler sa petite famille. Budard fut si malheureux de perdre son ami qu’il fit une manière de dépression. Lui qui, déjà, ne se lavait pas beaucoup, ne se lava plus du tout. Et lorsqu’il mangeait dans sa gamelle, il n’était pas rare qu’il enroulât sa queue mitée autour d’un cou imaginaire. Autour du vide de l’absence. (Je dédie cette chronique à Wi-Fi, mon dernier chat que j’aimais beaucoup, trop tôt disparu.)

Dimanche 5 juillet 2020.

Mon chat Gus et Athos, le chien de mon ex-pacsée Lou-Mary, étaient copains comme cochons!
Bébert, le chat que nous avions adopté à la SPA, Lou-Mary et moi, à la mort du pauvre Gus. Bébert passait son temps à taquiner le gros Athos qui opposait aux blagues du taquin, une patience d’ange.
Wi-Fi, mon dernier chat, trop tôt disparu.

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