Le gars d’hebdo, Tofépi. Editions de l’Association, 80 pages, 15 euros.
Récemment non-diplômé d’une école d’arts, bientôt trentenaire et toujours sans emploi – sa carrière rêvée de dessinateur peinant, elle aussi, à se concrétiser – Etienne, l’anti-héros de cette histoire, se laisse finalement convaincre par ses parents d’accepter un poste de correspondant local de presse pour “l’Hebdo“, l’hebdomadaire de ce petit coin de Vendée. La correspondante précédente vient en effet d’être engagée comme journaliste et se charge de lui inculquer les notions de base du métier.
Et c’est parti pour les reportages sur les départs en retraite, vernissage d’expo d’artistes locaux ou autres remise de médailles de pompiers. Le tout entre quelques digressions au sujet de l’achat d’un vieux vélo, de l’histoire de sa vieille voiture Simca, d’une opération d’un kyste au bas du dos ou d’une romance fantasmée avec sa banquière…
Chronologiquement, ce Gars d’hebdo s’inscrit juste avant le précédent livre de Tofépi, Desh (où il contait son voyage en Inde). Dans cette même veine, pleine d’autodérision, il décrit avec tendresse et une pointe d’acidité tout son petit monde, famille, amis et collègues dans cette drôle d’activité qu’est la “correspondance locale de presse”.
Le ton fait un peu songer à celui des enquêtes de Bruno Heitz, avec sa drôlerie pince sans rire, révélant une certaine poésie absurde du quotidien. Une simplicité qui se retrouve dans son style graphique, plein de rondeur et ambiance “gros nez”, assez proche du dessin de presse – qu’il pratique à l’occasion dans son hebdo.
Mais la description de la presse locale, vue de l’intérieur, est la vraie singularité de cet album. Soutiers de l’information de proximité, ceux-ci font rarement la une, s’effaçant justement derrière leurs sujets, et sont moins encore l’objet de livres. A travers son récit autobiographique Tofépi décrit bien cette réalité de la presse de “petite locale”. Ce faisant, il rend, en passant, à ces collaborateurs indissociables de la presse “de proximité” un hommage touchant. Comme celui qu’il rend, plus largement, à cette France rurale – “France des territoires” selon l’appellation désormais consacrée par notre nouveau Premier ministre Jean Castex – un peu désuète mais pleine de chaleur humaine.
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