Après le déclin des magazines de pré-publication (hormis Spirou qui résiste encore), des revues tentent aujourd’hui, de faire vivre la bande dessinée en dehors des albums. Lancée voilà quatre ans, Pandora semblait s’être éteinte à son 4e numéro. Le numéro 5 est paru, avec une thématique estivale.
C’est une “revue de bande dessinée à lire avec des lunettes de soleil” que propose les éditions Casterman pour cet opus 5 de Pandora. 280 pages de récits qui ne sont pas tous si éblouissants mais présentent un panorama pas désagréable. Et une lecture de saison, incontestablement.
Si l’éditorial – et seul texte du numéro, assorti d’un joli dessin de David Prudhomme – s’affiche très ouvertement dans le sillage graphique du défunt magazine (A suivre), la suite n’est pas franchement identifiable, au-delà de la thématique estivale, plus ou moins suivie. Ce qui retient le regard, surtout, c’est plutôt la diversité des auteurs et des styles.
Au fil des pages, on croisera des noms connus tels Hugues Micol, Matthias Lehmann, Terreur Graphique, Nicolas de Crécy qui distille des dessins mordants du Capitalisme du XXIe siècle, Bastien Vivès et sa partie de chasse érotico-sanglante, Guillaume Bouzard et son homme immortel blasé, le plaidoyer d’Alfred pour les chemins de traverses tortueux et même Jiro Taniguchi pour un plongeon interdit et nocturne dans une piscine.
On trouve aussi dans ce numéro des auteurs – et aussi des autrices – en devenir et qui dévoilent déjà un joli talent, comme Emilie Gleason et ses pélicans nordistes, Pauline Hébert avec sa sirène et sa palourde, Chloë Wary et sa chronique d’ados banlieusardes à la plage rehaussé comme à son habitude de couleurs pétantes au feutre. Aseyn, découvert avec le superbe Bolchoi Arena, déploie encore son style fin et ses couleurs pastel à Miami. Et c’est toujours avec plaisir que l’on retrouve les courtes aventures bondissantes de Francis, le blaireau farceur de Claire & Jake.

Autres amusantes variations parallèles, celles d’un extrait des Jardins d’Edena de Moebius, revu par Blutch et Anouk Ricard.
On notera également deux récits à connotation “régionale Hauts-de-France” avec le récit-aveu de Raphaël Meltz et Killoffer sur leurs difficultés à s’emparer du procès d’Amiens de Marius Jacob, le “voleur-anarchiste”, en 1905, et la drôle de journée au Touquet du trio de potes imaginée par Gilles Rochier et Nicolas Moog.
Enfin, singularité à la fois par rapport au thème et par rapport à l’approche – que l’on aurait plus vu dans la Revue dessinée – le récit-témoignage fort de Valérie Murat et Natacha Sicaud sur les dessous de l’exploitation viticole dans le Bordelais. “Une vigne dans le sang, les racines d’un combat” qui rappellent aussi qu’il n’est pas obligé de bronzer idiot l’été.

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